Comme l’indique l’InVS (Institut national de veille sanitaire), l’auto-intoxication médicamenteuse concerne environ huit tentatives de suicide (TS) hospitalisées sur dix, soit plus de 73 000 hospitalisations en 2013. Face à ce constat, le Pr Michel Walter, président du GEPS (groupement d’études et de prévention du suicide), souligne que le pharmacien « fait partie des acteurs de prévention de premier niveau en terme de diminution d’accession aux moyens et de repérage des accès suicidaires ». La prévention à l’officine passe d’abord par l’engagement du dialogue (sans cependant être invasif) et la création d’une relation de confiance, afin de pouvoir, à l’occasion, repérer le risque suicidaire.
Des signes qui peuvent alerter
La prévention du suicide est loin d’être une science exacte, et les médicaments utilisés pour les TS ne sont pas toujours sur ordonnance*. Mais comme l’indique Hugues Videlier, président du CROP en Rhône-Alpes, « certains signes peuvent mettre la puce à l’oreille, en particulier ces patients qui reviennent fréquemment, ou réclament leurs médicaments plus tôt que nécessaire. » Certaines pathologies (tout comme les antécédents de TS) doivent aussi alerter : la dépression, la dépendance à un produit et les maladies psychotiques sont ainsi les plus suicidogènes.
En prévention
L’InVS suggère quelques conseils pour limiter le risque : « proposer le plus systématiquement possible aux patients de retourner à la pharmacie les médicaments non utilisés ; délivrer les plus petits conditionnements possibles ; consulter le DP pour s’assurer qu’il n’y a pas eu de multiples prescriptions ou délivrances inhabituelles, ainsi que de rupture de traitement récente chez des personnes à risque (notamment traitées pour troubles psychotiques) ; et rendre disponibles les coordonnées des réseaux de soins psychiatriques existants dans le secteur : numéros des associations d’écoute (SOS amitié, Suicide écoute, SOS suicide phénix, Phare enfants parents), en particulier en cas d’expression d’une souffrance psychique, ou de solitude. »
Si un risque suicidaire semble avéré, il ne faut pas hésiter à appeler le médecin traitant, ou l’infirmière libérale à domicile – qui, eux aussi, connaissent bien le patient et peuvent être à même d’intervenir – voire les urgences.
Se former
Si le pharmacien compense son manque de formation sur le risque suicidaire par sa connaissance de la clientèle et son expérience, il existe aussi des sessions de formation organisées par les ARS. « Elles permettent de mieux repérer les accès suicidaires et l’urgence, et peuvent se passer dans le cadre du DPC, par exemple dans des associations », précise le Pr Walter.
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