L’innovation en oncologie fait grand bruit. Plus de 70 nouveaux anticancéreux ont été autorisés ces cinq dernières années, apportant un espoir nouveau dans le traitement d’une maladie multiple, notamment dans des formes de cancer jusqu’alors sans solution thérapeutique. Une fois n’est pas coutume, la France est en pointe dans ce domaine. D’abord grâce à une volonté politique affirmée à travers trois plans Cancer successifs et la création de l’Institut national du cancer (INCa) en 2005. Une excellence que souligne Alexander Eggermont, professeur de chirurgie oncologique, à la tête depuis 2010 de l’Institut Gustave-Roussy, à Villejuif (Val-de-Marne). « La France a des centres de soins contre le cancer partout, de haut niveau, avec des médecins de très bonne qualité. »
Face à cette vague d’innovations sans précédent, avec l’arrivée des immunothérapies et des thérapies géniques et cellulaires, l’accès doit être garanti aux patients. C’est l’objectif de la plateforme cancer mise en place par le LEEM, qui souligne un manque d’adéquation du système français. « Nous devons mettre à plat le circuit d’évaluation et d’accès au marché du médicament », affirme le président du LEEM Patrick Errard. Parce que la recherche elle-même a revu ses méthodes pour parvenir à ces innovations, parce que les nouvelles thérapies sont maintenant « confrontées à des contextes de polythérapies combinatoires ou séquentielles » dont la réponse attendue dépendra du profil du patient, parce que l’évaluation basée sur un comparateur ne fonctionne pas pour une innovation de rupture qui n’a, par définition, pas de comparateur possible. « Il faut changer tout cela, il n’est pas trop tard mais il y a urgence », ajoute le président du LEEM.
Stimuler la recherche
Dans le détail, le comité Cancer du LEEM propose par exemple, pour stimuler la recherche, de « fluidifier le cadre réglementaire français pour la mise en place des essais cliniques ». Est particulièrement visée la loi Jardé mise en œuvre en 2016, qui impose une répartition aléatoire des dossiers entre les comités de protection des personnes (CPP) alors que tous ne disposent pas des compétences pour traiter des dossiers en oncologie. Or 45 % des études cliniques sont réalisées par les industriels dans le champ du cancer.
En outre, le comité souligne l’importance d’accélérer l’obtention des autorisations réglementaires pour les essais de phase précoce, car les délais sont en train de s’allonger alors même que leur vitesse de mise en place est un critère essentiel dans le choix du pays où réaliser ces essais. Pour y remédier, en sus de permettre la spécialisation de certains CPP qui capitaliseraient sur leur expertise, le président du comité Cancer du LEEM, Jean-Christophe Barland, suggère la création d’une cellule, au sein de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) « dédiée à l’examen des dossiers d’essais de phase I ».
Favoriser l’accès précoce
Pour favoriser l’accès précoce des patients aux traitements innovants, les industriels proposent de piocher dans les outils mis en place à l’étranger, et notamment d’utiliser « Horizon Scanning » déployé au Royaume-Uni et au Canada. Avec une collecte d’informations spécifiques (description de la technologie, des cohortes ciblées, estimation du nombre potentiel de patients, liste des comparateurs sur le marché, preuves cliniques d’efficacité, impacts cliniques, financiers et organisationnels…), ce dispositif permet d’anticiper de 2 à 3 ans l’arrivée d’innovations. Le comité Cancer du LEEM aimerait qu’un tel outil soit mis en place en France, piloté par l’ANSM et la Haute Autorité de santé (HAS). Il réclame aussi des méthodologies d’évaluation adaptées aux médicaments anticancéreux, une optimisation de la collecte des données en vie réelle via la création d’un registre national en oncologie et une amélioration des mécanismes d’accès précoce aux traitements innovants que sont l’autorisation et la recommandation temporaire d’utilisation (ATU et RTU). Le comité souhaite également voir se développer les contrats de performance et les mécanismes de remboursement conditionnel – accords passés avec le Comité économique des produits de santé (CEPS) – pour certains anticancéreux innovants, et recommande une révision des modalités de financement des anticancéreux à l’hôpital.
Améliorer le parcours de soins
Quant à l’amélioration du parcours de soins, cela passe par un virage ambulatoire facilité notamment pour les chimiothérapies orales, les traitements à domicile par chimiothérapies intraveineuses et les chirurgies ambulatoires, ainsi que par un véritable accompagnement articulé entre l’hôpital et la ville. Pour le LEEM, cela passe aussi par l’instauration d’un financement au parcours, à l’instar du paiement à l’épisode de soins choisi par Medicare aux États-Unis.
Enfin, l’objectif n° 15 entre dans une démarche collaborative axée sur l’oncologie pédiatrique. Le but recherché est de donner les meilleures chances de survie aux 2 500 enfants touchés chaque année par un cancer. Il est en cours de construction avec l’ensemble des parties prenantes, notamment les médecins, les associations de patients et les familles.
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