Pic épidémique en vue ?
La grippe a déjà touché plus de 770 000 personnes en un peu plus de quatre semaines. « Le seuil épidémique a été franchi vers la mi-décembre, nous sommes donc aujourd’hui dans la cinquième semaine de l’épidémie », explique au « Quotidien » le Dr Anne Mosnier, coordinatrice nationale des groupes régionaux d'observation de la grippe (GROG). Mais la surveillance épidémiologique n’est pas toujours chose facile. Ainsi durant les fêtes de fin d’année cela devient très compliqué d’être précis déplore le médecin : « L’accès à l’offre médicale change, les personnes sont souvent loin de chez elles, et donc modifient leurs habitudes de soins, elles ne vont pas chez le même médecin que d’habitude, il y a moins de prescripteurs disponibles. Notre réseau a alors recours à d’autres sources d’information - qu’il convient de pondérer -, tel SOS Médecins, dont l’activité monte considérablement car il y a moins de cabinets ouverts. »
Quant à la situation aujourd’hui, on est assurément en phase épidémique, résume l’épidémiologiste, mais nous ne pouvons pas savoir encore si le pic a été atteint ou si l’épidémie peut encore gagner en importance. Ce qui est sûr, c’est que nous sommes au cœur de l’épidémie qui devrait durer encore deux ou trois semaines. Pour l’heure, le niveau épidémique est celui qui avait été atteint au pic de la saison précédente. Par ailleurs, les virus circulants cette année, de type H3N2, sont réputés un peu plus virulents que le H1N1 qui avait circulé l’an passé. Voilà qui pourrait faire penser que l’épidémie 2008-2009 sera un peu plus sévère que celle de 2007-2008.
Les Français sont-ils bien vaccinés ?
66 % des personnes de plus de 65 ans sont vaccinées contre la grippe. Tel est aujourd’hui le taux de la couverture vaccinale en France estimé par le vaccinomètre, le nouvel outil épidémiologique du GEIG (Groupe d’expertise et d’information sur la grippe). « La couverture vaccinale des personnes à risque continue de stagner de façon inquiétante », relève ainsi le GEIG. Il reste en effet bien en-dessous de l’objectif de 75 % fixé par l’OMS et la loi de santé publique. Plus préoccupant encore est le faible taux de couverture vaccinale de la tranche d’âge 65-69 ans (42 %). Les plus de 75 ans sont heureusement les plus nombreux à se faire vacciner (77 %).
Froid et virus grippal font-ils bon ménage ?
« On a beaucoup dit de choses sur les effets combinés du froid et de la grippe. Ce qui est sûr, c’est que les virus grippaux aiment beaucoup le froid sec », rappelle le Dr Anne Mosnier. Le taux d’humidité est également déterminant pour la survie des virus : un froid sec, comme celui qui sévit actuellement sur la France, est favorable à la diffusion de l’épidémie. Enfin, indique l’épidémiologiste, on sait que, lorsque les températures sont basses, les gens ont plus tendance à se confiner, ce qui peut favoriser la contagion au sein des groupes humains. » Autre effet indirect du froid sur le niveau épidémique : la baisse du thermomètre s’accompagne souvent d’une légère baisse des défenses immunitaire.
Quelle place pour les antiviraux ?
Alors que la couverture vaccinale n’a pas atteint ses objectifs, et dans le contexte d’une épidémie de moyenne envergure qui a débuté tôt, les antiviraux (Tamiflu, Relenza) rencontrent un succès thérapeutique logique. Rappelons que ces inhibiteurs de la neuraminidase (oseltamivir - Tamiflu et zanamivir - Relenza) qui agissent en empêchant le virus de se propager, permettent de limiter considérablement les symptômes de la grippe, mais aussi sa durée et ses complications ; à condition, bien sûr, d’être administrés dans les 48 heures qui suivent les premiers symptômes. « Le Tamiflu trouve tout à fait sa place au cœur de cette saison grippale, tant en curatif qu’en prophylaxie, et dès un an, puisque les souches circulantes sont sensibles », témoigne Michelle Pecking, chef de groupe infectiologie des laboratoires Roche. « Ce que nous avons constaté cette année, c’est une progression nette du nombre des prescriptions par rapport à la saison précédente, que ce soit au niveau pédiatrique qu’au niveau adulte. »
Peut-on encore conseiller la vaccination ?
C’est un conseil à géométrie variable : s’il s’agit d’une personne âgée qui a omis de se faire vacciner, cela vaut peut-être encore la peine, compte tenu du fait que l’épidémie a encore deux ou trois semaines devant elle. S’il s’agit d’un cadre jeune et en bonne santé, qui ne présente aucun risque particulier, c’est peut-être un peu tard… », estime le Dr Anne Mosnier, coordinatrice des GROG.
Même message au GEIG, qui conseille dans son dernier bulletin : « Il est urgent que les personnes des groupes à risque se fassent vacciner, si elles ne l’ont pas déjà fait. » Une recommandation qu’il convient donc de répéter au comptoir des officines.
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