Quelques définitions
Les préparations pour nourrissons, qu’on appelait communément « laits 1er âge », sont destinées à remplacer le lait maternel quand la maman ne peut pas ou ne veut pas allaiter. Leur composition est proche de celle du lait maternel et ils s’utilisent pendant la période où le bébé ne prend que du lait (4 à 6 mois).
Les préparations de suite, ou laits 2e âge, sont destinées aux bébés qui commencent à avoir au moins un repas complet par jour sans lait. Ils s’utilisent jusqu’à un an.
Les laits de croissance s’utilisent de 1 à 3 ans et sont conseillés notamment pour leur apport en fer plus élevé que dans le lait de vache et leur apport en acides gras essentiels à la croissance.
Un peu de physiopathologie
La composition des préparations pour nourrissons ou préparations de suite, pour répondre aux besoins du bébé, doit entrer dans la fourchette de normes fixées par la réglementation. On distingue les préparations à base de protéines de lait de vache et les préparations à base d’isolats de protéines. Dans les préparations pour nourrissons à base de protéines de lait de vache, par exemple, la valeur énergétique se situe entre 60 et 70 kcal/100 ml, les protéines se situent entre 1,8 et 3 g/100 kcal avec des rapports d’acides aminés à respecter également, les lipides se situent entre 4,4 et 6 g/100kcal (avec des teneurs définies en acide linoléique, acide alpha-linolénique, en acides gras polyinsaturés…), les glucides se situent entre 9 et 14 g/100 kcal (avec une liste de glucides autorisés et leur teneur), les éléments minéraux et vitamines respectent également une fourchette… La préparation de suite a un apport énergétique équivalent aux préparations pour nourrissons mais les proportions changent.
Les préparations pour nourrissons et les préparations de suite ne doivent pas contenir de résidus des différents pesticides dans des proportions supérieures à 0,01 mg/kg. Certains ne doivent pas être utilisés (liste existante), d’autres doivent respecter une teneur maximale.
Les mots du conseil
Allaitement ou lait infantile ?
Avant l’accouchement, certains parents peuvent interroger le pharmacien pour l’aider dans son choix entre allaitement ou lait artificiel. Il est important de leur rappeler que l’allaitement permet au bébé de recevoir un lait parfaitement adapté aux besoins et au développement du bébé, qui évolue non seulement au cours du temps mais également au cours de la tétée, qui réduit le risque d’infections (gastro-intestinales notamment) et contribuerait à prévenir les allergies. Malgré tout, les parents ne doivent pas culpabiliser s’ils ne choisissent pas l’allaitement : leur choix leur appartient et est respectable !
Pourquoi pas de lait de vache avant un an ?
Les laits 1er et 2e âges doivent respecter une réglementation qui les rapproche le plus possible des besoins du nourrisson. Ils sont moins riches en protéines et plus riches en fer et en acides gras essentiels que le lait de vache. De plus, ce dernier peut leur donner des troubles digestifs.
Combien de biberons ?
Des moyennes sont mentionnées sur les boîtes de lait pour donner des repères mais chaque bébé est différent. Un bébé mange suivant ses besoins, qui peuvent varier en fonction des jours et même des moments de la journée. Ainsi, il pourra laisser une partie de son biberon à un repas et en réclamer plus au biberon suivant. La surveillance de sa courbe de croissance permet de savoir s’il boit suffisamment.
Comment préparer et conserver son biberon ?
Utiliser de l’eau faiblement minéralisée, à température ambiante ou tiède. Mettre l’eau avant la poudre (une cuillère-mesure pour 30 ml d’eau). Le lait reconstitué mais non bu ne se conserve pas, il est à jeter (si le lait est réchauffé il doit être consommé dans la demi-heure et s’il est donné à température ambiante, le délai de consommation est d’une heure).
Et le lait pendant la diversification alimentaire ?
La diversification alimentaire commence entre 4 et 6 mois et est progressive : on introduit un nouveau goût, une nouvelle forme (solide ou liquide). Le principe, c’est « un changement à la fois ». Pour donner des repères aux parents et les conseiller sur l’introduction des fruits, légumes, viandes, poissons, œufs… sur ce qui est à conseiller et à éviter, mettre à leur disposition le « guide nutrition de la naissance à trois ans », élaboré dans le cadre du Programme national nutrition-santé et disponible sur le site de l’INPES. Pendant toute cette période, le lait reste l’alimentation de base (jusqu’à au moins 500 ml par jour). À partir d’un an, expliquer aux parents pourquoi il faut éviter de passer trop tôt au lait de vache (moins de fer, moins d’acides gras essentiels) : conseiller un lait de croissance. À défaut, il faudra préférer le lait entier au lait demi-écrémé.
Les produits-conseils
Pour répondre aux désagréments des nourrissons ou à des situations médicales particulières, la composition des laits peut être modifiée. Certains d’entre eux nécessitent une prescription médicale.
Les laits contre les régurgitations
Des formulations de lait épaissi, à base d’amidon (utilisé en général dans les légères régurgitations) ou de farine de caroube (utilisée en général dans les régurgitations plus abondantes), permettent de diminuer le nombre et le volume des régurgitations physiologiques non compliquées en augmentant la viscosité du lait. La farine de caroube épaissit le lait dans le biberon, ce qui nécessite d’utiliser des tétines spécifiques pour liquide épais (Dodie easy air débit 4, Mam tétine débit X…). Elle peut donner des selles molles et des ballonnements. On la trouve dans Picot Nutrilon AR, Gallia AR, Milumel AR, Nutribén AR… L’amidon épaissit l’alimentation en pH acide, dans l’estomac du nourrisson (pas besoin d’une tétine spécifique). On le trouve dans Nidal Plus, Novalac AR (pour les régurgitations simples et rejets physiologiques), Picot Epailis, Physiolac AR… Certaines formules associent caroube et amidon : Novalac AR digest (positionné dans les régurgitations importantes), Modilac expert AR… Attention à bien vérifier que ce sont des régurgitations simples qui n’évoquent pas un RGO pathologique : elles doivent survenir sans effort et sans signes associés, directement après le repas, en petites quantités (quelques millilitres), et peuvent accompagner un rot.
Les laits contre la constipation
Pour agir sur la constipation, les formules de lait peuvent proposer un apport glucidique constitué uniquement de lactose (le lactose fermente en acides organiques dans le colon, gonfle la charge osmotique et augmente la motilité intestinale), une teneur en caséine diminuée (rapport caséine/protéines solubles plus proche du lait maternel, vers 40/60), une augmentation du rapport calcium/phosphore (pour des selles plus molles), l’enrichissement en magnésium, l’apport de probiotiques… Parmi les laits proposés : Novalac transit +, Modilac expert transit +, Picot picoba, Nutribén transiben…
Les laits contre les coliques
Pour calmer les coliques et les ballonnements, les formules proposent un faible taux de lactose pour limiter la fermentation colique, une forte teneur en protéines solubles (rapport caséines/protéines solubles proche du lait maternel pour une meilleure digestibilité), des protéines partiellement hydrolysées pour une meilleure digestibilité, l’apport de probiotiques. Parmi les laits destinés aux coliques associées à des ballonnements ou gaz : Picot picoba, Modilac expert oéba, Novalac calinova, Gallia BB expert action coliques, Guigoz expert AC, Nidal Pélargon…
Les laits contre les diarrhées
En cas de diarrhée, outre les solutés de réhydratation et un traitement éventuel, selon les cas (âgé, sévérité, durée des symptômes), le lait habituel est poursuivi (le plus souvent) ou le lait est remplacé sur avis médical par un lait sans lactose (en raison du risque d’intolérance secondaire au lactose par diminution de l’activité de la lactase secondaire à l’atrophie villositaire) tel que Picot SL, Diargal, Modilac expert SL, Nutriben sans lactose, Physiolac osmolac…), voire un hydrolysat de protéines de lait de vache (sur prescription).
Les laits satiété
Ils sont enrichis en amidon, sucre complexe digéré plus lentement ou contiennent plus de caséines qui ont tendance à coaguler dans l’estomac et à ralentir la vidange gastrique, augmentant la sensation de satiété (Modilac expert satiété, Novalac S, Picot bébé gourmand…).
Les préparations « HA » (hypoallergéniques)
Elles sont préconisées pendant au moins les six premiers mois de la vie du nourrisson en cas de terrain atopique familial (père, mère, frère ou sœur), qui concernerait environ le quart des nourrissons. Ce sont des préparations contenant des hydrolysats partiels de protéines. Bien préciser aux parents qu’elles ne sont pas destinées aux nourrissons ayant une allergie aux protéines de lait de vache avérée (50 % d’entre eux environ sont allergiques aux laits HA). À noter également : elles sont plus transparentes que les préparations classiques et peuvent donner des selles plus molles.
Les hydrolysats de protéines de lait de vache (HPLV)
Ce sont des préparations contenant des hydrolysats extensifs (eHF) de protéines solubles ou de caséine de lait de vache (Nutramigen, Pregestimil, Novalac Allernova, Pepti-junior, Nutriben APLV…), le plus souvent sans lactose. Ce sont des ADDFMS, la plupart pris en charge au tarif LPPR en cas d’allergie avérée aux protéines de lait de vache. Modilac expert riz contient des hydrolysats extensifs de protéines de riz et peut être une alternative aux eHF d’origine animale.
Certains de ces hydrolysats sont parfois aussi prescrits en prévention de l’allergie, en cas de coliques, de dermatite atopique, d’intolérance au lactose, de réalimentation en cas de diarrhées aiguës, prolongées ou chroniques, de pathologie intestinale sévère…
Les aliments lactés de régime pour nouveau-né de faible poids de naissance et prématurés
Commençant souvent par le préfixe « pré », ces laits très spécifiques ont un apport énergétique supérieur et une forte teneur en protéines pour une vitesse de croissance suffisante, un apport plus important en acides gras polyinsaturés (pour le développement cérébral et l’acuité visuelle), un apport phosphocalcique adapté (pour la minéralisation osseuse). Ils sont adaptés à la physiologie digestive et rénale du prématuré. On peut citer Pré Gallia expert, Pré Guigoz expert, Pré Modilac expert, Pré Nidal…
Les préparations à base de protéines de soja
Elles sont exemptes de protéines de lait de vache (Modilac expert soja, Gallia expert soja…). Elles sont principalement utilisées dans les familles végétariennes. Les nourrissons souffrant d’allergie aux protéines de lait de vache peuvent être aussi allergiques aux protéines de soja. Ce risque d’allergie croisée ne permet donc pas de les utiliser comme substitut en cas d’allergie aux protéines de lait de vache (APLV) avant 6 mois (après vérification de leur bonne tolérance). De plus, leur utilisation est controversée du fait de la présence de phytoestrogènes, dont l’innocuité n’est pas assurée (effets potentiels sur le développement neuroendocrinien).
Les laits relais
Ils sont utilisés en relais ou en complément de l’allaitement maternel (Milumel relais, Novalac relia, Gallia Calisma, Picot relais, Guigoz évolia relais…). Conseiller en général un sevrage en douceur sur plusieurs semaines.
Les laits enrichis en acides gras polyinsaturés
Les laits enrichis en acide arachidonique et acide docosahexaénoïque agissent sur le développement du système rétinien et cérébral, améliorant l’acuité visuelle et le développement cognitif.
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Françoise Amouroux
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