MARISOL Touraine, la ministre de la Santé, l’avait annoncé au congrès de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Les députés l’ont entériné lors de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2013 : l’expérimentation de la réintégration du budget médicament dans le forfait soin des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) ne disposant par de pharmacie à usage intérieur sera arrêtée. Ce mode de financement ne sera donc pas étendu automatiquement à tous les établissements en janvier 2013, comme initialement prévu. Cependant, afin d’organiser la sortie d’expérimentation des EHPAD dans de bonnes conditions, un délai transitoire de six mois sera accordé. C’est donc seulement à compter du 1er juillet 2013 que les établissements reviendront à un financement des dépenses de médicaments sur l’enveloppe des soins de ville. Dans l’exposé des motifs, les députés indiquent que « l’évaluation de cette expérimentation n’a pas permis d’identifier de gains, tant en termes de qualité de la prescription qu’en termes de maîtrise de la prescription et des coûts associés ».
Un avis qui rejoint celui des syndicats d’officinaux, qui se battaient depuis plusieurs années pour l’arrêt de cette expérimentation. Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), se « félicite que l’intégration du prix du médicament dans le forfait journée des EHPAD soit abandonnée ». Il rappelle que c’était une « solution extrêmement dangereuse, car la consommation de médicaments varie de 1 à 15, voire de 1 à 20, selon les patients, en particulier lorsque les traitements concernent des pathologies lourdes ». Il souligne que, « non seulement cette mesure ne générait pas d’économies substantielles, mais que les patients risquaient de se retrouver hospitalisés car leur traitement coûtait trop cher à l’EHPAD ».
Trouver sa place en EHPAD.
Cependant, cette décision laisse les officinaux dans le flou : qu’adviendra-t-il du pharmacien référent, qui était très impliqué dans ces expérimentations ? Risque-t-il de disparaître avec leur arrêt ? Philippe Gaertner, président de la FSPF, estime que, « à l’heure actuelle, rien n’est déterminé. Tout dépendra de la vision des pouvoirs publics. Il faut une décision politique sur le sujet ». L’objectif de la FSPF est que le pharmacien référent continue, avec des missions identiques : éviter l’iatrogénie, avoir un meilleur suivi des patients, etc. Philippe Gaertner rappelle que « le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), rédigé par Pierre Naves et Muriel Dahan, a montré l’intérêt du pharmacien référent ainsi que celui de son binôme avec le médecin coordonnateur ». Pour lui, l’objectif de la FSPF est de « permettre au pharmacien référent de trouver sa place en EHPAD, pour une meilleure prise en charge de la personne âgée ».
Gilles Bonnefond, de son côté, demande « la généralisation du pharmacien référent, ainsi que la publication des décrets associés ». Il souhaite notamment une convention-type pour définir le rôle du pharmacien référent et les missions qu’il doit accomplir. « Il faut aussi aborder la préparation des doses à administrer, estime-t-il. Un cahier des charges décrivant précisément cette mission doit être élaboré ». Il réclame aussi une rémunération adéquate. « Si le pharmacien passe une demi-journée à faire de la préparation, il faut le rémunérer », estime-t-il. Comme Philippe Gaertner, il tient par ailleurs à souligner que « lors des expérimentations, la coopération interprofessionnelle a bien fonctionné entre pharmaciens référents, médecins généralistes et médecins coordonnateurs ». Il rappelle en outre que, en EHPAD, « les personnes âgées sont exposées à un risque iatrogène, qui nécessite donc plus de présence pharmaceutique. C’est tout l’esprit de la loi HPST, qui introduisait le pharmacien référent ». Fort de tous ces arguments, l’USPO a donc proposé un amendement afin que le pharmacien référent soit généralisé. « Nous espérons qu’il sera adopté par le Sénat », conclut Gilles Bonnefond.
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