À l'occasion de son colloque annuel, le Centre contre les manipulations mentales (CCMM) a fait le point sur les dérives sectaires en santé et souligne qu'un nombre grandissant de patients se tournent vers les médecines alternatives.
Le CCMM prend garde à ne pas stigmatiser toutes les médecines dites alternatives et précise que des « pratiques et techniques peuvent contribuer au bien-être de la personne » ou « venir en complément de la médecine allopathique ». Serge Blisko, président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES), partenaire de ce colloque, explique : « La dérive sectaire apparaît quand un groupe, une idéologie, une personne force un malade à abandonner son traitement ou à ne pas le commencer, au profit de remèdes fantaisistes et non validés. » Or la MIVILUDES note que 40 % des signalements qu'elle reçoit, soit un millier de saisines par an, concernent la santé et le bien-être, « un phénomène qui ne fait que s'amplifier ». Actuellement, 40 % des Français ont recours aux médecines alternatives, dont un grand nombre de malades du cancer (lire notre article « abonné »).
Le CCMM évalue à « 100 000 le nombre de praticiens parallèles » parmi lesquels on trouve des « gourous de sectes guérisseuses » jugeant les vaccins « empoisonnés », les médicaments « dangereux » ou plaidant pour « l'autoguérison dans les chakras, l'énergie céleste, le chamanisme, la kinésiologie ou les vibrations énergétiques ». Les grands mouvements sectaires comme la scientologie sont toujours surveillés de près, mais le danger vient désormais de « l'éclosion de petites structures qui échappent aux garde-fous juridiques et professionnels (sur fond de) perte de confiance » des patients, s'inquiète Laurence Telo, présidente du CCMM Île-de-France.
La MIVILUDES a signé une série de conventions avec les professionnels de santé pour les sensibiliser car « quand les diplômés se mettent à dériver, c'est beaucoup plus compliqué à endiguer que si c'est le magnétiseur du coin qui agit », précise Serge Blisko.
Avec l'AFP.
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