LAVAGE des mains pluriquotidien, port de masque et de gants, isolement des sujets infectés, ces mesures simples qu’on répète à l’envi depuis le début de la pandémie ne sont pas des pis-allers pour lutter contre la grippe.
Selon une équipe européenne dirigée par le Pr Tom Jefferson, les barrières physiques seraient même plus efficaces que la vaccination pour empêcher la propagation du virus au sein des populations. Voilà qui aide à prendre du recul vis-à-vis du retard accusé dans la mise à disposition du vaccin contre le virus pandémique A(H1N1)v. C’est d’ailleurs peut-être pour tempérer l’inquiétude générale que l’infectiologue italien Jefferson a pris la décision de réactualiser son précédent travail datant de 2007 sur la dissémination des virus grippaux influenza et SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère).
Lavage des mains plus de 10 fois par jour.
Sur les 2 958 références initiales, ce sont les résultats de 58 publications portant sur 59 études qui ont été au final retenus et analysés dans cette nouvelle revue. On compte quatre essais contrôlés et randomisés, 14 batteries d’essais contrôlés et randomisés, 21 cohortes, sept cas-témoins et 13 cross over. Toutes portent sur une intervention visant à prévenir la transmission des virus respiratoires : isolement, quarantaine, « distance de sécurité » en société, protection individuelle, hygiène. À noter que la qualité des études est inégale, plutôt médiocre pour les essais randomisés, moyenne pour les études observationnelles. La métaanalyse de six cas-témoins conclut à une forte efficacité des mesures physiques pour empêcher la transmission du virus : le lavage des mains pluriquotidien (plus de 10 fois par jour), le port de masques, de type chirurgical et le N95 proche du FFP2, celui de gants et de blouses. De plus, il apparaît que la combinaison des mesures empêche la propagation virale au sein des ménages.
Diversité socio-économique.
Étagées sur près de 40 ans, les études sont de composition hétérogène. Pour les pays à forts revenus, on passe d’écoles de banlieue aux casernes, des services de réanimation aux salles de pédiatrie ; pour les pays plus pauvres il s’agit des bidonvilles, en Chine des familles et à Taïwan des voyageurs. Dans la plupart des études, la compliance a posé des problèmes, notamment dans les programmes d’éducation et pour l’utilisation des masques de type N95. Ces masques peuvent être en effet mal tolérés sur le plan cutané, avec rash et acné, limitant l’adhésion des professionnels de santé. L’adoption en routine de certaines mesures évaluées pourrait ainsi se révéler problématique sur le long terme, en dehors des périodes de menace épidémique.
Cibler les enfants.
Quelques incertitudes persistent sur l’utilité des virucides et des antiseptiques par rapport au simple lavage des mains. Le bénéfice à se servir de tels produits n’est pas évident, leur utilisation allant le plus souvent de pair avec de bonnes habitudes d’hygiène. De même, les mesures à l’échelon international, comme le contrôle sanitaire à l’entrée du territoire (douanes, aéroports) et le respect d’une « distance de sécurité » en société ne sont pas très concluantes. Reste que comme l’isolement des sujets infectés, une période de quarantaine pour les sujets contacts s’avère en revanche efficace. Il est vraisemblable qu’il existe certains facteurs environnementaux encore inconnus à mettre à jour, comme en témoigne la constatation d’une transmission virale accrue lors d’exercices physiques chez des militaires.
Les auteurs soulignent que les recommandations de santé publique contre l’épidémie grippale s’appuient fortement sur l’utilisation de vaccins et d’antiviraux. Sans compter que les vaccins se révèlent le plus efficaces chez les adultes en bonne santé. Les mesures physiques, simples et peu onéreuses, impliquent un réel changement des habitudes en matière d’hygiène. À ce titre, les programmes d’éducation des jeunes enfants se révéleraient particulièrement bénéfiques sur le long terme, ce d’autant que l’école est un lieu à haut risque de transmission du virus.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques