LE ROYAUME-UNI n’est sans doute pas le pays le plus représentatif du niveau de pollution de l’air dans le monde. C’est peut-être le pourquoi des conclusions déroutantes d’une étude outre-manche réalisée à partir de trois bases de données britanniques, pourtant larges, sur la mortalité cardiovasculaire. Selon l’équipe londonienne dirigée par le Dr Ai Milojevic, la pollution de l’air extérieur est associée à court terme à des événements cardiovasculaires non ischémiques, de type arythmie et fibrillation auriculaire, mais ne l’est pas aux infarctus du myocarde (IDM) ni aux accidents vasculaires cérébraux (AVC).
Aucun mécanisme clef ne se dégage clairement pour expliquer la physiopathologie, car si les particules fines n’ont pas été associées à ces événements thrombogènes, elles augmentent le risque d’embolie pulmonaire. C’est un fait pourtant, la pollution de l’air augmente la mortalité cardiovasculaire. L’OMS l’a réaffirmé fin mars 2014 en parlant de « lien fort (...) avec les maladies cardio-vasculaires comme les AVC et les cardiopathies ischémiques ». L’institution chiffre à 7 millions chaque année au niveau mondial le nombre de décès prématurés liés à la pollution de l’air, extérieur et domestique, et attribue ceux liés à la pollution extérieure pour 40 % aux cardiopathies ischémiques et pour 40 % aux AVC. Plusieurs hypothèses physiopathologiques ont été avancées pour expliquer les effets délétères sur le système cardio-vasculaire, en premier lieu une dysfonction du système nerveux autonome et/ou de la réponse inflammatoire, mais aussi une propension à la vasoconstriction, à la thrombose ou l’hypercoagulabilité, à l’hypertension artérielle, à une instabilité des plaques athéromateuses et aux arythmies.
Des résultats contradictoires « gênants ».
Certes de source 100 % britannique, l’analyse de la London School of Hygiene and Tropical Medicine n’a pas ménagé ses efforts en s’appuyant sur trois grandes bases de données : les 400 000 IDM de la Myocardial Ischæmia National Audit Project (MINAP), les 2 millions d’admissions aux urgences pour motif cardio-vasculaire et les 600 000 décès de cause cardio-vasculaire. Alors que la pollution est un mélange hétérogène et complexe, les épidémiologistes ont stratifié le risque en fonction des concentrations quotidiennes de différents polluants : monoxyde de carbone (CO), dioxyde de soufre (SO2), particules de matière de diamètre ‹ 10 micromètres (PM10), de diamètre ‹ 2,5 micromètres (PM 2,5). La modélisation prenait en compte les concentrations de polluants jusqu’à 4 jours auparavant et comprenait un ajustement de ces dernières en fonction de la température et du jour de la semaine.
Si l’on considère le critère le plus fort, aucun polluant n’a augmenté la mortalité cardiovasculaire, excepté les particules fines (PM 2,5), qui ont été associées à un risque d’arythmies, de fibrillation auriculaire et d’embolie pulmonaire. Pour les hospitalisations, seul le dioxyde de soufre était associé à un risque de maladies cardiovasculaires (1,7 %), de maladies cardio-vasculaires hors IDM (2,0 %), d’arythmies (2,9 %), de fibrillations auriculaires (2,8 %) et d’insuffisances cardiaques (4,4 %).
Des mégapoles asiatiques surpolluées.
Dans un éditorial associé, deux cardiologues d’Édimbourg s’interrogent sur l’interprétation de ces résultats contradictoires par rapport aux grandes études précédentes. Aucun mécanisme physiopathologique clair n’est ressorti pour expliquer ces résultats. Les auteurs n’ont pas de réponse définitive. Ils soulignent le fait que les arythmies et les fibrillations auriculaires sont ressorties de l’analyse et sont désormais à prendre en considération. Par ailleurs, le niveau de pollution pourrait être en cause et entraîner des conséquences variables selon l’intensité, car « dans cette étude britannique, la concentration médiane PM 2,5 était de 10 microgrammes/m3 dans un intervalle étroit. Ce qui contraste avec les niveaux qui sont de 10 à 20 fois plus élevés dans les mégapoles à travers le monde ».
Selon l’OMS, les pays à revenu faible ou intermédiaire de l’Asie du Sud-Est et du Pacifique occidental ont payé le plus lourd tribut à la pollution athmosphérique avec un total de 2,6 millions de décès prématurés liés à la pollution extérieure en 2012.
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