• La dengue
Agent responsable : la dengue est provoquée par un arbovirus dont il existe 4 sérotypes très proches, mais dont l’infection ne confère pas de protection croisée. L’homme serait le principal vecteur réservoir naturel. La dengue est considérée actuellement comme une maladie émergente.
Vecteur/mode contamination : la dengue est transmise par la piqûre de moustique du genre Aedes. Le plus souvent A. Ægypti, mais aussi A. albopictus (« moustique tigre), présent notamment en France continentale et A. polynesiensis. Contrairement aux moustiques vecteurs du paludisme, A. Ægypti pique tout au long de la journée (il apprécie aussi particulièrement l’intérieur des habitations), mais leur activité maximale se situe tôt le matin et en fin d’après-midi.
Épidémiologie : cette infection est extrêmement répandue à la surface du globe (elle sévit essentiellement dans la zone intertropicale), avec plus de la moitié de la population potentiellement exposée. Elle est très répandue en Asie, Afrique, Amérique du Sud et Australie. Elle sévit aussi en Polynésie française, dans les Antilles, dans les îles Caraïbes (notamment en Martinique, Guadeloupe et Saint-Martin).
Symptômes/traitement : surnommée la « grippe tropicale », la dengue a une incubation moyenne de 2 à 7 jours. Elle se manifeste par une fièvre élevée (39 à 40 °C, voire plus), des frissons, des céphalées intenses, d’intenses myalgies et arthralgies, une asthénie, un rash érythémato-maculeux, des douleurs abdominales et des vomissements. Dans sa forme bénigne, la dengue dure 5 à 7 jours. Le risque de décès (dengue hémorragique) est estimé à 1 % (troubles de la conscience, état de choc, troubles de la coagulation). La prise en charge est symptomatique : repos, réhydratation orale, paracétamol (pas d’aspirine ni d’anti-inflammatoires non stéroïdiens : majoration du risque hémorragique).
Prévention : protection anti-moustique (vêtements amples et couvrants, répulsifs, insecticides, moustiquaire imprégnée, élimination des sites larvaires près des habitations).
• Le Chikungunya
Agent responsable : le chikungunya, comme la dengue, est dû à un arbovirus. La maladie est immunisante et il existe des formes asymptomatiques.
Vecteur/mode contamination : il s’agit des mêmes moustiques qu’en ce qui concerne la dengue (ces mêmes moustiques assurent la transmission de la fièvre jaune, une autre arbovirose).
Épidémiologie : ce virus est très présent dans les Antilles, à Saint-Martin, en Martinique, Guadeloupe, à Saint-Barthélemy, en Guyane française, dans la plupart des îles Caraïbes et dans l’île de la Réunion. D’importantes flambées épidémiques ont touché ces dernières années l’océan Indien (Réunion, Maurice, Seychelles, Mayotte…), l’Afrique (Gabon, Ouganda, Afrique du Sud…), l’Inde, le Sri Lanka, Madagascar et le Nord de l’Italie (région de Ravenne). Pour mémoire, la première épidémie due au virus chikungunya a été décrite en 1952 en Tanzanie.
Symptômes/traitement : après une incubation moyenne de 4 à 8 jours (extrêmes : 2 à 10 jours) la maladie débute brutalement par une fièvre (de l’ordre de 38,5 °C) accompagnée d’arthralgies (doigts, poignets, genoux, chevilles, pieds… Rappelons que chikungunya en langue Makondée signifie « qui marche courbé en avant »). D’autres symptômes peuvent être présents : céphalées, intenses myalgies, éruptions cutanées maculo-papuleuses (tronc et membres), parfois prurigineuses, nausées, fatigue, conjonctivite, hémorragies mineures (saignements des gencives, du nez ou purpura). Les signes cutanés disparaissent en 2 ou 3 jours. La fièvre, quant à elle, peut persister jusqu’à une dizaine de jours, et les arthralgies plusieurs semaines, voire mois (ou années… ; 10 % des patients en souffriraient encore 5 ans après l’infection aiguë). Des complications neurologiques graves sont possibles, particulièrement chez les personnes âgées et les nouveau-nés. Le traitement est symptomatique : antalgiques (paracétamol, tramadol…) et anti-inflammatoires non stéroïdiens.
Prévention : protection anti-moustique (vêtements amples et couvrants, répulsifs, insecticides, moustiquaires imprégnées, élimination des sites larvaires près des habitations).
• La fièvre Zika
Agent responsable : le virus Zika est un arbovirus. Il tire son nom d’une forêt en Ouganda où il a été identifié pour la première fois en 1947 chez un singe.
Vecteur/mode contamination : le virus Zika est transmis par la piqûre d’un moustique infecté (du genre Aedes). C’est par ailleurs le seul arbovirus pour lequel une transmission sexuelle a été mise en évidence.
Épidémiologie : répandu dans les régions tropicales d’Asie et d’Afrique, il a été responsable en 2007 d’une épidémie en Micronésie, où il infecte près des trois quarts des habitants de l’île, puis en 2013-2014, d’une grosse épidémie en Polynésie Française. Il est, depuis cet épisode, considéré comme émergent. Sa répartition géographique ne se limite pas à la région Asie-Pacifique, où le virus est sans doute mieux surveillé qu’en Afrique tropicale.
Symptômes/traitement : l’infection ne semble symptomatique que dans 1 cas sur 5. Sa durée d’incubation n’est pas précisément connue. On peut observer un syndrome proche des autres arboviroses avec une fièvre (non constante, exceptionnellement très élevée), une éruption cutanée (d’abord au niveau du visage, s’étendant ensuite au reste du corps, souvent prurigineuse), une conjonctivite, des céphalées et des douleurs articulaires, des symptômes digestifs sans gravité. Des symptômes spontanément résolutifs en une semaine environ. On peut utiliser du paracétamol contre la fièvre.
Prévention : protection anti-moustique (vêtements amples et couvrants, répulsifs, insecticides, moustiquaires imprégnées, élimination des sites larvaires près des habitations).
• La maladie à virus Ebola
Agent responsable : le virus Ebola. On pense que des chauves-souris frugivores sont les hôtes naturels du virus Ebola.
Vecteur/mode contamination : ce virus se transmet à l’homme à partir d’animaux sauvages, puis sur un mode interhumain. Le virus s’introduit dans la population humaine après un contact étroit avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques d’animaux infectés comme des chimpanzés, des gorilles, d’autres espèces de singes, des chauves-souris frugivores, des antilopes des bois ou des porcs-épics. Il se propage ensuite par transmission interhumaine à la suite de contacts directs (peau lésée ou muqueuses) avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques de personnes infectées ou avec des surfaces ou des matériaux (linges de lit, vêtements…) ayant été contaminés par ce type de liquides. Il n’existe pas de preuves de transmission sexuelle, mais celle-ci ne peut être écartée (y compris chez les patients convalescents).
Épidémiologie : la maladie à virus Ebola (antérieurement dénommée fièvre hémorragique à virus Ebola) est apparue pour la première fois en 1976 lors de deux flambées simultanées au Soudan et au Zaïre (dans une zone située près de la rivière Ebola). La flambée qui sévit actuellement en Afrique de l’Ouest (premiers cas notifiés en mars 2014) est la plus importante depuis 1976. Elle concerne la Guinée, le Liberia (l’épidémie semble s’y être éteinte depuis peu) et la Sierra Leone (trois pays ne constituant pas une destination touristique habituelle).
Symptômes/traitement : la durée d’incubation varie entre 2 et 21 jours. Les sujets humains ne présentant pas de symptômes ne sont pas contagieux. Les premiers symptômes sont représentés par une fatigue fébrile à début brutal, des douleurs musculaires, des céphalées et un mal de gorge. Ils sont suivis de vomissements, de diarrhées, d’une éruption cutanée, de symptômes d’insuffisance rénale et hépatique et dans certains cas d’hémorragies internes et externes. La prise en charge est basée sur la réhydratation (par voie parentérale), l’antibiothérapie et les traitements symptomatiques.
Prévention : ne pas se déplacer dans les zones de transmission active du virus éviter tout contact avec les animaux sauvages (notamment les singes, les rongeurs et les chauves-souris), vivants ou morts, ne pas manipuler ni consommer de viande de brousse, ne consommer de produits animaux (lait, viande…) que soigneusement cuits ou chauffés, éviter tout contact rapproché avec des personnes présentant une forte fièvre, des troubles digestifs ou des hémorragies extériorisées (bouche, nez, selles). Se laver fréquemment les mains avec du savon ou une solution hydro-alcoolique.
• Et aussi…
Le voyageur ne doit pas non plus oublier l’infection VIH (préservatif !), le risque de grippe aviaire (ne pas fréquenter les marchés en Asie où sont proposées des volailles vivantes), certains coronavirus (notamment celui à l’origine du MERS : Middle East Respiratory Syndrome), ou syndrome respiratoire du Moyen-Orient, qui sévit dans les pays du Golfe Persique et les formes résistantes de tuberculose (certains pays d’Europe de l’Est).
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3 questions à…
Françoise Amouroux
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