LA FRANCE demeure le premier pays consommateur de somnifères, avec une consommation trois à cinq fois plus importante que ses voisins européens. Cette consommation est particulièrement élevée et banalisée chez les plus de 65 ans et près de 40 % des plus de 85 ans en prennent régulièrement. « Il faut savoir que les besoins de sommeil se réduisent avec l’âge et la qualité du sommeil se modifie avec des éveils nocturnes plus fréquents et plus longs, une plus grande sensibilité au bruit à la lumière ; cela induit un sentiment de mal dormir et d’un sommeil non réparateur, résume le Dr Sylvie Royant-Parola, présidente du réseau Morphée. Il s’agit, en fait, d’une déstructuration du sommeil, les vraies insomnies sont rares chez les personnes âgées. »
Lorsque des troubles du sommeil apparaissent avec l’âge, il faut rechercher une cause associée car, derrière une plainte, peuvent se cacher des douleurs, une anxiété, une dépression, une apnée, des problèmes urinaires… qui nécessitent une prise en charge spécifique. Les somnifères ne sont indiqués que sur des périodes courtes allant de quelques jours à quatre semaines maximum, leur prescription sur le long terme exposant les sujets âgés à des risques de chute, de troubles de la mémoire, de l’attention, de dépendance, d’autant plus qu’ils sont polymédiqués, que leur résistance physique est moindre et que leur métabolisme est plus lent. Pour diminuer la prescription trop systématique de somnifères dans cette tranche d’âge, la HAS a élaboré, dès 2006, des outils pour aider les professionnels de santé et informer les patients des risques encourus. Malheureusement, en 2012, la consommation n’a pas diminué suffisamment. Aussi, la HAS a décidé de relancer des actions d’information et de sensibilisation.
Lutter contre le mésusage.
« Les trois axes prioritaires de la prise en charge concernent les plaintes récentes, les plaintes chroniques et la déprescription ou stratégie d’arrêt », détaille le Dr Armelle Leperre-Desplanques, responsable du service des programmes à la HAS. L’insomnie se diagnostique essentiellement par une évaluation clinique comportant un entretien approfondi sur le ressenti du patient, son état psychologique et son environnement, et une étude de l’historique de son sommeil. « Plusieurs outils sont déjà à la disposition des médecins pour améliorer le diagnostic et accompagner leurs patients, rappelle la responsable : arbres décisionnels, questions clés pour la prescription de psychotropes, recommandations de bonne pratique, questionnaire et agenda du sommeil, modalités d’arrêt des benzodiazépines (BZD) et apparentés… Et, d’ici à la fin de l’année, un rappel des recommandations sera intégré aux logiciels d’aide à la prescription. »
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