LA SALMONELLOSE est l’une des toxi-infections les plus répandues en Europe. La plupart du temps, l’infection est peu sévère et ne nécessite pas d’antibiothérapie. Toutefois, l’émergence depuis dix ans d’une souche multirésistante, S. enterica sérovar 4,(5),12:i, dans plusieurs pays d’Europe inquiète. En 2006, cette souche, peu fréquente dans les années 1990, faisait partie des quatre sérovars les plus fréquemment isolés chez l’homme dans les cas confirmés de salmonellose. Lors d’une épidémie à New York en 1998, des cas sévères d’infections liés à ce même sérotype ont été décrits avec des taux d’hospitalisation de 70 %. En Thaïlande et au Brésil des cas de septicémies ont été rapportés. La prévalence de cette souche augmente aussi en Europe. En Angleterre et au Pays-de-Galles, la hausse est de 321 %, avec 151 cas en 2009 contre 47 cas en 2005 ; en France, le nombre de cas est passé de 99 en 2005 à 410 en 2008 et S. enterica sérovar 4,(5),12:i figure désormais parmi les sérotypes les plus communément retrouvés ; en Espagne, le sérotype multirésistant représente 14,3 % des souches. L’Italie, la Pologne, le Danemark, l’Allemagne ou les Pays-Bas sont également touchés. Une des premières apparitions de la souche en Europe remonte à la fin des années 1980 lorsque S. enterica sérovar 4,(5),12:i a été isolée dans une carcasse de poulet au Portugal. C’est ensuite en 1997 qu’elle est une nouvelle fois identifiée en Espagne chez le porc, dans les aliments à base de porc mais aussi chez l’homme.
Analyse de 116 souches.
Dans une étude publiée dans « Eurosurveillance », Katie Hopkins et coll. ont tenté de déterminer s’il existait une filiation génétique entre les différentes souches isolées en Europe. Huit laboratoires, dont celui de l’Agence française de sécurité des aliments, ont fourni chacun une dizaine de souches de S. enterica sérovar 4,(5),12:i multirésistantes isolées à partir de prélèvements chez l’homme, chez le porc ou dans des produits d’origine porcine, effectués entre 2006 et 2008. Les laboratoires ont aussi adressé une dizaine de souches du même sérovar mais présentant un profil de résistance différent. Quelque 122 souches ont ainsi été analysées, dont 116 se sont révélées être de sérovar 4,(5),12:i. Les différentes analyses montrent que le sous-type DT 193 est le plus fréquent, notamment en France, en Angleterre et au Pays-de-Galles, en Allemagne, en Espagne et aux Pays-Bas. En Italie et en Pologne, DT 120 est le sous-type prédominant. Selon ces auteurs, les données suggèrent que ces deux sous-types dérivent de Salmonella typhimurium DT 104, une souche multirésistante pandémique dans les années 1990, et qu’elles sont apparues indépendamment dans plusieurs pays d’Europe. Les auteurs notent d’ailleurs que le niveau de résistance de S. Typhimurium en Europe a correspondu à l’augmentation de la prévalence du sérovar 4,(5),12:i. Son principal réservoir semble être le porc et la viande de porc. Du fait de la gravité potentielle des infections liées à ce nouveau sérovar – des décès ont été rapportés –, Hopkins et coll. estiment qu’il est « urgent » de mettre en place des mesures de contrôle de la chaîne alimentaire afin de réduire la transmission de cette souche à l’homme et ainsi éviter une diffusion pandémique comme cela a été le cas pour S. Typhimurium.
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