LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Doit-on, selon vous, parler de grippe porcine, mexicaine, nord-américaine ou tout simplement de « nouvelle grippe » ?
Dr THIERRY BLANCHON.- Au départ, on parlait de grippe porcine parce qu’on pensait que le virus était issu de porcs. Aujourd’hui, on ne sait pas du tout d’où vient cette nouvelle épidémie. Clairement, la meilleure appellation est celle de « nouvelle grippe ». C’est d’ailleurs ce qui est pour l’heure recommandé au niveau européen. Trop de questions sur l’origine réelle de cette grippe demeurent encore ; qu’elle vienne des porcs est plus que discutée. Par ailleurs on se demande désormais si l’épidémie n’est pas arrivée des États-Unis et non pas du Mexique.
Quelles sont les caractéristiques de ce nouveau virus ?
Son origine pose pour l’heure de nombreuses questions. On ne sait pas encore, par exemple, si les recombinaisons qu’il a subies ne sont pas qu’humaines. Mais les résultats des analyses virologiques arrivent. Au départ, l’alerte a été donnée au Mexique parce qu’on constatait un nombre particulièrement important de grippes compliquées. À savoir, 1 900 pneumopathies notifiées, dont seulement 26 attribuées avec certitude à la grippe H1N1 ; de même, sur les 150 décès suspectés, il y en a seulement 7 dont on est sûr qu’ils étaient dus à cette souche virale. Ce qu’on peut dire avec certitude, c’est qu’il s’agit d’un virus humain qui se transmet d’homme à homme.
Peut-il s’agir d’un nouveau sous-type ?
Sûrement pas, il s’agit simplement d’une nouvelle souche. Le sous-type H1N1 en cause aujourd’hui est en effet l’un de ceux qui circulent très habituellement chaque année. À l’intérieur de ces sous-types, il y a des souches qui, elles, évoluent d’année en année et justifient le réajustage des vaccins saisonniers. Toute la question est de savoir la virulence de cette nouvelle souche.
En quoi ce nouveau virus diffère-t-il de ceux de la grippe espagnole ou de la grippe aviaire ?
La grippe espagnole, en 1918, était justement l’émergence de ce virus A H1N1 contre lequel personne n’était alors préparé. Quant à la grippe aviaire, l’inquiétude était de voir arriver un nouveau sous-type porteur d’une modification très importante du virus contre lequel on n’aurait pas du tout été immunisé. Reste à savoir quelle est la différence de ce nouveau virus par rapport aux souches connues. Bénéficie-t-on d’une immunité croisée entre cette nouvelle souche et les anciennes ? Toutes ces questions seront bientôt éclaircies par les virologues.
En France, nous sommes en fin d’épidémie de grippe saisonnière, est-ce un élément de nature à nous rassurer ?
Ce qui est sûr, c’est que, en France, les épidémies de grippe ont en effet lieu exclusivement pendant la période hivernale. Ce qui est plutôt rassurant quant à une éventuelle nouvelle épidémie. De même, le fait que les grandes pandémies grippales se sont développées en hiver est également de nature à nous rassurer. Restons toutefois vigilants, nous ne sommes pas totalement à l’abri.
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