L’hémorragie post-partum est la première cause de mortalité maternelle dans le monde. Grâce aux efforts de l’organisation mondiale de la santé (OMS) et des gouvernements, le taux de mortalité a fortement diminué partout dans le monde, excepté dans les pays en développement où surviennent 99 % des morts maternelles et où seulement 35 % des naissances ont lieu en présence d’un professionnel qualifié. « Slate » relate l’expérience népalaise qui, grâce à une décision controversée du ministère de la Santé en 2005, a réduit la mortalité due aux hémorragies de délivrance. Comment ? En mettant à disposition des femmes une pilule controversée à prendre après l’accouchement. Il s’agit du misoprostol, indiqué en cas d’ulcères de l’estomac et du duodénum et fortement contre-indiqué aux femmes enceintes car il provoque des contractions et la maturation de l’utérus. Résultat : la molécule développée par Pfizer sous le nom de Cytotec est largement utilisée hors AMM pour interrompre une grossesse, déclencher le travail d’accouchement et dans le traitement de l’hémorragie post-partum. En dix ans, le Népal a réduit de 75 % le taux de mortalité maternelle et a augmenté le taux d’accouchement en milieu médicalisé de 18 % à 55 %. Sont en priorité visées par le programme misoprostol, les femmes vivant dans les endroits les plus reculés, où les établissements sont rares et éloignés, dont les routes sont impraticables durant de longs mois, qui accouchent seules car les hommes partent travailler loin. L’Indonésie a été le premier pays à tenter l’expérience du misoprostol. Face à des résultats sans appel, d’autres ont suivi : Afghanistan, Éthiopie, Nigeria, Népal, Bangladesh, Ghana, Kenya, Mozambique, Rwanda, Sénégal, Tanzanie, Ouganda et Yémen.
Après les deux séismes qui ont ravagé le Népal (8 000 morts), détruit les établissements de santé et provoqué un immense afflux de blessés, le misoprostol est devenu une planche de salut. Tout comme au Liberia l’an passé, en pleine épidémie d’Ebola, où il était plus sage d’accoucher à domicile.
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