La maladie coronaire n’est plus réservée aux seules femmes ménopausées qui ne sont plus protégées par leur statut hormonal. On observe une augmentation de la proportion de femmes jeunes qui développent une coronaropathie sans hypertension, diabète ou dyslipidémie, mais avec un tabagisme, un stress ou une obésité comme seuls facteurs de risque. Le risque est sous-estimé par la non-prise en compte des spécificités féminines.
Les femmes sont moins sujettes que les hommes aux ruptures de plaques (63 % versus 82 %), c’est l’érosion de la plaque qui pourrait contribuer à la mortalité plus élevée des femmes jeunes par rapport aux hommes du même âge au moment de l’accident aigu. Deux tiers des femmes qui décèdent d’un infarctus n’ont pas signaux d’alertes classiques. Chez l’homme, une douleur dans le thorax avec irradiation dans le bras gauche jusqu’à la mâchoire est le signal typique, alors que chez la femme la douleur thoracique rétrosternale est absente dans 40 % des cas.
« Chez elles, les signes avant-coureurs sont des nausées, de l’essoufflement, des palpitations à l’effort, une fatigabilité persistante qui peuvent faire penser à des crises d’angoisse, ou des douleurs épigastriques ou abdominales assimilées à tort à des problèmes digestifs, prévient le Pr Claire Mounier-Vehier, présidente de la Fédération française de cardiologie (FFC). Les femmes sont moins bien dépistées et prises en charge plus tardivement. Bien souvent, lors de la consultation, l’obstruction coronaire classique est écartée car moins fréquente que chez les hommes, les femmes symptomatiques sont alors faussement rassurées, on leur prescrit des anxiolytiques ce qui conduit à un retard thérapeutique regrettable. »
D’autre part, les femmes bénéficient de moins d’examens complémentaires une fois la maladie connue, les explorations non invasives ou invasives sont sous-utilisées. C’est une perte de chance car les femmes se remettent plus difficilement : leurs artères sont plus fines et plus fragiles que celles des hommes, donc plus difficiles à revasculariser.
Après un infarctus, elles reçoivent moins souvent de traitement médical (aspirine, bêtabloquant, statines) ; de plus, elles ne bénéficient pas des mêmes conseils d’hygiène de vie et moins souvent de rééducation cardiaque. En conséquence, elles ont davantage de risque de décéder ou de refaire un accident cardio-vasculaire dans l’année qui suit, comparativement aux hommes.
Une surveillance accrue du facteur hormonal
En plus des facteurs de risque qu’elles partagent avec les hommes (alcool, tabac, surpoids, sédentarité…), les femmes sont exposées à des facteurs d’ordre hormonal. « Il faut promouvoir les méthodes de prévention et de dépistage en ciblant les trois périodes hormonales clés qui nécessitent une surveillance particulière : la contraception estroprogestative, la grossesse et la ménopause », observe la présidente de la FFC.
Le choix contraceptif doit absolument tenir compte du risque cardio-vasculaire individuel de chaque femme. Après 35 ans, il faut savoir que l’association d’un estrogène (pilule, patch, anneau vaginal) avec le tabac multiplie par trente le risque d’infarctus. Lors de la première grossesse, il est essentiel de réaliser un dépistage des maladies cardio-vasculaires ; le diabète gestationnel augmente le risque.
À la ménopause, les risques globaux de maladies du cœur peuvent augmenter en raison de la réduction de la production d’hormones ; il est recommandé de faire un bilan au moins une fois par an pour passer en revue les facteurs de risque (hypertension, dosage sanguin, ECG…).
La Fédération française de cardiologie souligne l’importance d’inclure dorénavant davantage de femmes dans les essais cliniques, leur sous-représentation actuelle (moins de 20 %) étant préjudiciable à la mise en œuvre d’une prise en charge appropriée avec des traitements mieux adaptés. Pour sensibiliser les femmes, la FFC lance un message d’alerte à travers un film court réalisé par Maïween ; il combat les préjugés et incite les femmes à prendre soin à tout âge de leur cœur et de leurs artères (www.youtube.com/watch?v=8gZt0qRurXU).
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