LA MÉNINGITE est causée par la bactérie Neisseria meningitidis ; elle est imprévisible et arrive comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. Elle peut entraîner le décès dans les 24 heures suivant l’apparition des premiers symptômes. Malheureusement ceux-ci sont souvent non spécifiques et ressemblent à ceux de la grippe. Il peut être difficile, même pour un professionnel de santé, de poser un diagnostic précoce. Le choc septique (dissémination de la bactérie dans le sang) présente un tableau clinique qui évoque des maladies virales communes chez les enfants : fièvre, douleurs musculaires, extrémités froides, diarrhée, couleur anormale de la peau. Il est rapidement évolutif, et s’engage alors une course contre la montre avant la survenue de tâches violettes d’extension rapide sur la peau (purpura fulminans). « Je n’ai pas su reconnaître les signes de gravité qui ont emporté ma petite fille il y a onze ans, témoigne avec émotion Patricia Mehrant-Sorel, présidente de l’association Petit Ange. On pense d’abord à une rhinopharyngite, une bronchite, une gastro-entérite, des maladies fréquentes chez l’enfant. Peut-être ai-je perdu du temps parce que je n’ai pas voulu paniquer. La plupart des parents en restent aux symptômes les plus évidents comme la raideur de la nuque et la photophobie, bien peu savent reconnaître un purpura, qui n’a rien à voir avec la varicelle. »
L’enfant présentant un choc septique doit être transféré en urgence en réanimation pédiatrique ; au moindre doute il faut entamer une antibiothérapie par voie parentérale, mais elle n’est pas toujours suffisante. Malgré les progrès considérables de la réanimation, la mortalité par purpura fulminans reste élevée, de l’ordre de 20 %. Chez les survivants, les séquelles peuvent être dramatiques : surdité, problèmes neurologiques, insuffisance rénale, amputation de membres. Le handicap est plus moteur qu’intellectuel. « Il est rarissime de pouvoir être aidé par le contexte épidémiologique, admet le Pr Jean-Christophe Mercier (urgences pédiatriques à l’hôpital Robert Debré, Paris). Le méningocoque est un germe fragile qui meurt très rapidement. Le portage est exclusivement humain, la transmission se fait par voie respiratoire lors de contacts rapprochés. Nous ne savons pas identifier les patients à risque vital, la mesure préventive la plus efficace reste la vaccination. »
Une prévention individuelle et collective.
Le Dr Hervé Haas (CHU Lenval de Nice) rappelle la situation survenue récemment à Nice, avec quatre décès dus à une infection à méningocoques en deux semaines : « les gens pris de panique ont appelé en masse les hôpitaux pour avoir des antibiotiques sans savoir qui avait réellement besoin d’être traité. Il est difficile de mesurer les perturbations et la désorganisation au niveau sociétal qu’engendre la gestion de cas comme celui de Nice. Ces perturbations ont aussi un coût pour la société. Le seul recours pour les prévenir et les contrôler est la vaccination, insiste-t-il. En plus, elle présente l’intérêt d’être altruiste en réduisant le portage de la bactérie et sa transmission. » Les campagnes de vaccination contre les deux autres causes de méningites bactériennes les plus fréquentes, Haemophilus influenzae type b et streptococcus pneumoniae (pneumocoque) ont fait la preuve de leur efficacité. En France à ce jour, seuls les vaccins contre le sérogroupe C sont remboursés (de 12 mois à 24 ans). La vaccination contre les sérogroupes A, W, et Y reste principalement réservée en Europe aux personnes à risque. Quant à la vaccination contre le sérogroupe B, elle est rendue possible par l’arrivée d’un nouveau vaccin ; les recommandations anglaises viennent de l’introduire chez tous les nourrissons âgés de 2 mois, avec un rattrapage jusqu’à 4 mois.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques