L’avenir sera-t-il aux traitements injectables à longue durée d’action ? C’est ce à quoi travaille MedinCell, une société de technologie pharmaceutique de 135 salariés de 25 nationalités différentes basée à Montpellier. Un pari raisonné, alors que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a pointé l’observance comme un défi majeur de santé publique lors de la journée mondiale de la santé le 7 avril.
MedinCell a mis au point une technologie consistant à injecter une formulation transparente visqueuse qui précipite, une fois injectée en sous-cutanée, sous forme de dépôts de polymères. La diffusion de la molécule est régulière, au fur et à mesure de la dégradation des polymères. « Notre savoir-faire est de définir le polymère pour libérer le médicament durant la durée choisie », explique Christophe Douat, directeur de MedinCell.
Optimiser les molécules connues
Près de 1 patient sur 2 ne suit pas son traitement, selon l’OMS. Améliorer l’observance pourrait avoir un impact bien plus grand que la découverte de nouveaux médicaments, projette l’institution onusienne. « Il y a un gisement énorme de médicaments qui ne sont pas optimisés, développe Christophe Douat. Les molécules étant connues, les process sont accélérés avec un passage rapide en phase 3 ».
MedinCell, créée en 2002 et véritablement lancée en 2009, a voulu développer une « technologie robuste accessible dans tous les pays du monde », explique l’entrepreneur, avec des projets en Inde, en Afrique et en Chine. Beaucoup de produits en développement ont été suggérés par des cliniciens qui sont venus vers MedinCell.
Le programme le plus avancé en partenariat avec Teva est actuellement en phase 3 avec la rispéridone dans la schizophrénie. « L’avantage par rapport à la rispéridone longue durée d’action de Janssen est que l’injection se fait en sous-cutané », explique l’entrepreneur. La commercialisation est prévue 2e semestre 2020.
Diminuer la prise d'opioïdes
Le 2e produit le plus avancé est en phase 1 avec du célécoxib en libération prolongée pendant 6 semaines dans la prise en charge de la douleur en orthopédie dans la prothèse de genou ou dans la chirurgie des tissus mous. « L’intérêt est de diminuer la prise d’opioïdes, indique Christophe Douat. Beaucoup de ces patients en général âgés ne peuvent pas prendre des AINS, qui sont contre-indiqués avec les antithrombotiques. La solution locale est adaptée et la preuve de concept a été apportée chez l’animal. Le produit va entrer en phase 2 ».
En collaboration avec l’association française d’anesthésie, MedinCell développe un produit à base d’oropivacaïne injecté en périneural avant la chirurgie afin d’assurer le bloc moteur pendant 4 à 6 heures puis couvrir l’analgésie sur 4 à 6 jours. Le produit doit entrer en phase préclinique ce trimestre.
Contraception dans les pays en développement
Autre produit en développement, un contraceptif à base de lévonorgestrel en SC efficace pendant 6 mois. « Ce produit a le soutien de la fondation Bill and Melinda Gates », se réjouit Christophe Douat. Ce contraceptif est voulu pour être autoinjectable et biodégradable, une solution dans les pays en développement où l’accès à la contraception est souvent difficile. « Contrairement à l’implant, il n’y a pas de geste avec incision, l’injection est en sous-cutané, précise-t-il. Et la molécule est bien mieux tolérée que la médroxyprogestérone, très décriée qui est injectée pour 3 mois en IM ». Le produit est en cours de formulation et entrera en phase préclinique en début d’année prochaine.
Mais pour Christophe Douat, le produit qui est sans doute le plus prometteur concerne la transplantation d’organe : le tacrolimus en injection à action prolongée une fois par mois. Les résultats chez l’animal sont prometteurs. « Aujourd’hui, les patients prennent mal le traitement, explique-t-il. Près de 30 % des organes sont transplantés chez des patients en rejet par manque d’observance ».
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