Madame Sophie D., 52 ans

Publié le 22/06/2009

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Madame D., contrainte à l’immobilisation à la suite d’une chute, souffre d’une « phlébite », en fait une thrombose veineuse profonde de la jambe gauche, diagnostic confirmé par l’échographie Doppler. Son mari vient chercher le traitement prescrit par le médecin de famille. Mais il s’inquiète : pourront-ils aller voir leurs enfants en Pologne dans un mois par avion ?

Questions sur ordonnance

Quels sont les principes actifs ?

Le Lovénox a pour principe actif l’énoxaparine, une héparine de bas poids moléculaire (HBPM). L’action anticoagulante du médicament est quasi immédiate, d’où son intérêt ici.

L’acénocoumarol (Sintrom), un antivitamine K (AVK), agit significativement au bout de plusieurs jours et est destiné ici à prendre le relais de l’héparine. Ce traitement est poursuivi, selon l’évolution de l’affection, sur 3 à 6 mois.

Y a t-il des insuffisances et des interactions ?

Il n’y a pas d’interactions médicamenteuses dans l’ordonnance, mais le médecin aurait dû mieux expliquer à Madame D. les principes de la surveillance du traitement : plaquettes de façon bihebdomadaire ; en général : INR 3 fois par semaine la première semaine, puis 2 fois par semaine pendant les trois semaines suivantes. De toute façon, le médecin, adaptant la posologie du Sintrom selon les résultats de l’INR, sera amené à revoir Madame D. autant que de besoin. Il pourra suspendre l’héparinothérapie avant deux semaines si l’INR est stabilisé.

Vous soulignez le risque d’interactions médicamenteuses avec les AVK et veillez à ce que Madame D. dispose d’un carnet de suivi (disponible, par exemple, auprès du CESPHARM), le médecin ayant négligé de lui en remettre. Vous attirez l’attention de votre client sur l’interaction salicylés et/ou AINS/AVK : Madame D. se plaignant régulièrement de douleurs dans les genoux, a tendance à largement s’automédiquer.

Et les posologies ?

Elles sont correctes a priori : le médecin adaptera la dose d’AVK en fonction de l’INR, de façon à le stabiliser entre 2 et 3, sachant que l’INR de référence est égal à 1. L’administration du Lovénox est réalisée à domicile, matin et soir, par une infirmière.

Votre conseil

Le voyage aérien des époux D. ne dure pas longtemps : le risque de récidive est faible, d’autant que Madame M. bénéficie d’une thromboprophylaxie. Cette question est l’occasion de rappeler quelques principes élémentaires : lors d’une station assise prolongée, veiller à opérer des mouvements de flexion et d’extension des pieds toutes les demi-heures environ, à marcher (dans l’allée de l’avion, en s’arrêtant au bord de la route en voiture, etc.) ; boire suffisamment d’eau et proscrire l’absorption d’alcool en avion, car il facilite la déshydratation.

Vous expliquez l’intérêt des bas de contention : ils doivent être enfilés au lever, et il importe de masser légèrement les mollets afin de répartir la pression de façon uniforme. Leur entretien doit être soigneux de façon à ce qu’ils conservent toutes leurs propriétés (cf. leur mode d’emploi). Il est conseillé de surélever les jambes la nuit pour optimiser le retour veineux.

Madame D. ne doit pas s’astreindre à un régime alimentaire particulier. Notamment, elle peut consommer raisonnablement des aliments riches en vitamine K : choux divers, épinards, persil, abats, etc. En revanche, il lui faudra veiller à ne pas se couper ou se piquer en jardinant, et éviter la consommation d’alcool, susceptible de perturber l’INR. L’oubli de la prise de Sintrom, au-delà de huit heures, impose d’en prévenir le médecin sans essayer de « rattraper » l’oubli.