LE MERCREDI 17 octobre a été décrété journée mondiale de lutte contre la douleur. Généralement fixée le troisième mercredi d’octobre, cette journée est cette année consacrée aux douleurs induites par les migraines et les céphalées. Des troubles neurologiques fréquents. En effet, on estime qu’entre 14 % et 18 % des femmes et 6 % à 8 % des hommes souffrent de migraine dans le monde. En France, la population des migraineux est comprise entre 6 et 10 millions de personnes et sa prévalence se situe entre 10 % et 15 %. L’intérêt d’une telle journée ? Informer sur la douleur et ses remèdes. La migraine est un thème particulièrement bien choisi. Il s’agit en effet d’une des affections les plus mal soignées : près de 10 % des migraineux ne prendraient aucun traitement et la moitié se soignerait seule, sans même le conseil d’un pharmacien. Une situation qui pourrait s’améliorer grâce à l’implication des officinaux. La journée mondiale est justement l’occasion de jouer pleinement leur rôle de relais d’information. Certains groupements, tels Direct Labo ou PHR, l’ont bien compris et proposent des formations à leurs adhérents sur le sujet.
Le cannabis antidouleur.
La journée mondiale de la douleur est aussi un prétexte pour relancer le débat sur l’utilisation du cannabis à des fins thérapeutiques. Des associations remontent ainsi au créneau pour lever l’interdiction, alors qu’un essai réalisé sur 279 patients anglais démontrerait l’intérêt de cette drogue pour diminuer les raideurs musculaires, calmer les douleurs et améliorer le sommeil de personnes souffrant de sclérose en plaques. De nombreux patients auraient déjà franchi le pas. « Peut-être un million de personnes dans le monde utilisent le cannabis pour apaiser leurs douleurs », évalue ainsi Farid Ghéhiouche, porte-parole du collectif Cannabis sans frontière. Lorsque les pathologies sont lourdes, les traitements sont aussi importants et le cannabis soulage les « dommages collatéraux », affirme pour sa part Fabienne Lopez, présidente de l’association Principes actifs, qui regroupe des malades consommateurs de cannabis. Tant que l’achat et la consommation restent interdits, de nombreux malades sont dans l’illégalité, déplore de son côté Fabrice Olivet de l’association ASUD (Autosupport des usagers de drogue), qui note que beaucoup se lancent alors dans la culture clandestine de la plante.
Le débat relancé.
Actuellement, seuls les malades disposant d’une autorisation temporaire d’utilisation (ATU), délivrée par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), peuvent consommer un médicament contenant du THC (tétrahydrocannabinol) sans être poursuivis. À la fin du mois d’octobre 2011, un peu plus d’une centaine d’ATU avaient été accordées pour ce médicament, et moins d’une cinquantaine refusées, selon l’ANSM. Dans ce contexte, l’ancien ministre socialiste de l’Intérieur, Daniel Vaillant, demande à son parti de s’engager sur la voie de la légalisation du cannabis thérapeutique qui permet « de soulager des hommes et des femmes » souffrant de « maladies neurodégénératives, de certains cancers ou du sida ». Dans ce domaine, la France ne deviendrait pas une exception, puisque l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas, ou encore certains états américains, admettent déjà la prescription de médicaments issus du cannabis, comme le rappelle Jean-Pierre Galland, porte-parole du Collectif d’information et de recherches cannabiques (CIRC). La prochaine journée mondiale de lutte contre la douleur sera peut-être l’occasion d’engager encore un peu plus la réflexion sur ce thème.
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