« Nous avons découvert que les patients d’origine juive ashkénaze qui ont la maladie de Crohn (MC), une inflammation chronique de l’intestin, sont plus susceptibles de porter des mutations dans le gène LRRK2 (leucine-rich repeat kinase 2), connu pour être lié à la maladie de Parkinson, une maladie neurodégénérative », explique au « Quotidien » le Pr Inga Peter, généticienne à l’école de Médecine Icahn du Mount Sinai à New York, qui a codirigé l’étude internationale publiée dans la revue « Science Translational Medicine ».
« Plus précisément, nous avons trouvé deux mutations dans le gène LRRK2 : l’une plus fréquente chez les patients atteints de la maladie de Crohn (la mutation à risque, N2081D), l’autre plus fréquente chez les patients sans maladie (la mutation protectrice, R1398H). Les patients MC qui portent les deux copies du variant à risque développent la maladie en moyenne six ans plus tôt, comparés aux patients non porteurs, et ont une maladie localisée principalement dans l’intestin grêle. Or l’on sait que la maladie débutant dans l’intestin grêle est plus difficile à gérer, avec souvent plus de complications et d’interventions chirurgicales. Bien que nous ayons découvert ces mutations LRRK2 chez des personnes d’origine juive ashkénaze, nous avons ensuite observé l’effet de ces mutations aussi bien dans les populations juives ashkénazes que dans les populations non juives », précise le Pr Peter.
Des implications cliniques
« Les résultats de l’étude pourraient aider à mieux comprendre la maladie de Crohn, aider à identifier les personnes à risque et permettre de développer de nouveaux médicaments pour le traitement et/ou la prévention en ciblant ce gène spécifique, souligne encore le Pr Peter. Les mutations protectrices naturelles sont importantes car elles peuvent servir de cibles pour développer de nouvelles thérapies. Il faudra donc d’explorer sans attendre les médicaments qui ciblent les voies associées aux effets de la mutation protectrice. Un autre objectif sera de mieux comprendre la biologie de la mutation à risque afin de développer des médicaments capables d'en atténuer les effets. Par ailleurs, nous examinerons si les patients atteints de la maladie de Crohn et porteurs de nos mutations nouvellement découvertes sont plus à risque de développer la maladie de Parkinson. »
" Science Translational Medicine ", 11 janvier 2018, Hui et coll.
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