AVEC le nombre croissant de seniors, le « bien vieillir » est au centre des préoccupations de toutes les autorités européennes. Pour vieillir en bonne santé, la prévention des maladies infectieuses fait figure de priorité. Or cette génération de papy-boom présente un profil à risque, notamment du fait de la baisse des défenses immunitaires. « Une immunosénescence affaiblie augmente la fréquence des infections par rapport à un adulte moyen, certaines, à l’état latent, se réactivent, explique le Pr Alain Franco (CHU de Nice). Elles sont aussi plus graves, car le terrain est fragilisé par une polypathologie ou la perte d’autonomie ; le diagnostic est plus tardif, le sujet guérit plus lentement. Cette dérégulation de la réponse immune est favorisée par une malnutrition, les maladies chroniques, certains médicaments. » Pour les maladies infectieuses les plus courantes, telles que la grippe, le tétanos, la pneumonie, ou la coqueluche, des vaccins existent pour prévenir la maladie et ses complications. Dans ce cadre, pour améliorer la couverture vaccinale des seniors, le calendrier vaccinal 2013 de la France prévoit des rendez-vous vaccinaux tous les dix ans à partir de 65 ans.
Malheureusement, pour le zona, dont la fréquence augmente dès 50 ans, aucune vaccination n’est pour l’instant disponible et sa prise en charge thérapeutique est loin d’être satisfaisante. Elle pose le problème de la gestion de la douleur du senior, afin de préserver ses activités banales de la vie quotidienne. Le zona est dû à une réactivation du virus de la varicelle. Il a un impact considérable sur la qualité de vie dès la phase aiguë, le handicap se prolonge après sa cicatrisation par des douleurs (DZP) chroniques, sévères et tenaces sur le long terme, et pour lesquelles il n’existe pas de traitement préventif. Le risque de DPZ augmente avec l’âge : il est environ de 20 % pour les patients âgés de 50 ans et plus, ce taux peut atteindre 50 % chez les plus de 70 ans, et, dans 15 % des cas, cette population souffre encore de névralgies post-zostériennes au bout d’un an.
Le basculement dans la dépendance.
Les DPZ, indépendamment de leur durée et de leur intensité, sont le plus souvent génératrices d’anxiété, de dépression, voire de troubles cognitifs, avec un risque de glissement vers la perte d’autonomie et la dépendance. « Que la douleur soit aiguë ou chronique, le patient a mal, peu lui importe que l’origine soit nociceptive, idiopathique, psychogène ou neurologique, il souffre, rapporte le Pr Alain Serrie (hôpital Lariboisière, Paris) ; il décrit l’horreur dans la douleur avec des répercussions insoutenables sur le plan physique, psychologique, social et fonctionnel. Les douleurs neurologiques peuvent être le facteur déclenchant capable de rompre l’équilibre et d’entraîner le patient vers un abandon plus ou moins progressif de ses activités habituelles et une désocialisation. »
La prise en charge des DPZ nécessite des associations médicamenteuses comprenant antalgiques, certains antiépileptiques et antidépresseurs. Ces traitements ne sont que partiellement efficaces et difficiles à manier chez le senior. Les sujets les plus âgés présentent des comorbidités pouvant réduire fortement les options thérapeutiques. « L’objectif principal doit être centré sur la personne et implique des stratégies individualisées, précise le Dr Jean-Luc Gallais, directeur de la Société française de médecine générale. Le concept de la fragilité du senior doit être le fil conducteur, il nécessite de prendre en compte le poids des actes chroniques, des événements intercurrents, et les risques prévisibles de complications et d’aggravation des pathologies. » Actuellement, il n’y a pas de prise en charge satisfaisante des DPZ et la situation reste non résolue. Pourtant, la douleur chez le senior ne doit pas être banalisée, elle n’est pas une composante normale du vieillissement. C’est pourquoi, les acteurs de santé se mobilisent pour mettre à disposition des solutions de prévention permettant de prendre en compte le vécu douloureux du patient afin de préserver sa qualité de vie et son autonomie. L’amélioration de l’état général de la personne pourrait lui permettre de mieux se défendre contre la maladie. Si la douleur est trop intense ou intolérable, l’hospitalisation est la seule solution, bien qu’elle concerne moins de 5 % des cas.
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Françoise Amouroux
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