Une étude australienne a mis à jour deux voies pathogéniques distinctes conduisant au carcinome hépatocellulaire chez les patients obèses, apportant un nouvel éclairage sur le lien entre obésité et cancer du foie. Cette découverte est publiée dans « Cell ».
Jusque-là, il était connu que les patients obèses ayant un carcinome hépatocellulaire développaient initialement une stéatopathie non alcoolique (NASH pour Non-Alcoholic SteatoHepatitis), conduisant à une cirrhose. « Les recommandations internationales actuelles préconisent le dépistage du cancer du foie chez les patients parvenus au stade de cirrhose », indique au « Quotidien » Esteban Gurzov, co-auteur de l’étude, suggérant qu’un groupe de patients obèses à risque de cancer du foie sans avoir atteint le stade d’hépatopathie chronique au stade de cirrhose serait ainsi mis de côté.
Deux voies distinctes
À partir de travaux menés chez la souris et sur des biopsies de tissus humains, cette étude a mis en évidence des voies conduisant au cancer du foie chez les personnes obèses indépendantes du développement de la NASH ou de la cirrhose.
Deux voies de signalisation indépendantes ont en effet été décrites. « La voie obésité-NASH-cirrhose est dictée par le déclenchement d’une protéine appelée STAT-1. Cependant, chez les souris développant un cancer du foie sans NASH, le cancer était déclenché par une protéine différente, appelée STAT-3 », résume Esteban Gurzov. « Pour la première fois, il y a dissociation entre les voies NASH/cirrhose et carcinome hépatocellulaire, montrant qu’une voie pathogénique distincte, via le milieu inflammatoire du patient obèse, va favoriser le développement de ce cancer », commente pour le « Quotidien » le Dr Raluca Pais, hépato-gastro-entérologue à la Pitié-Salpêtrière.
Développer des biomarqueurs
Cette découverte pourrait avoir des implications diagnostiques et thérapeutiques. « En ciblant ces voies de signalisation, il est envisageable de développer des biomarqueurs pour le dépistage et la surveillance des patients ainsi que des molécules thérapeutiques », estime le Dr Pais. La connaissance de ces deux voies d’activation laisse en effet envisager la possibilité de prévenir le développement et la progression de la cirrhose ou du cancer du foie chez les personnes obèses.
« Des recherches supplémentaires sont maintenant nécessaires pour développer des outils diagnostiques et de nouvelles thérapies basées sur ces résultats », conclut Esteban Gurzov.
(1) Gohmann et al, Cell 2018.
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