LE PARACÉTAMOL sera-t-il bientôt disponible en grand format ? Pour certains, c’est une certitude. Pour d’autres, une simple rumeur. Différentes informations circulent, en effet, actuellement. Selon Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), les industriels pousseraient au déremboursement du paracétamol 1 gramme en boîte de 8 comprimés, ou gélules. Parallèlement, ils souhaiteraient la mise à disposition de boîtes de 32 ou de 48 unités de 1 gramme, comme cela existe déjà dans d’autres pays européens. « L’Agence du médicament étudierait actuellement la possibilité de lister les grandes boîtes de paracétamol », confie également Gilles Bonnefond, qui souligne toutefois que la ministre de la Santé s’est déjà prononcée contre le déremboursement de ce produit. Jean-Luc Fournival, président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), tient, lui, l’information des industriels qui affirmeraient, quant à eux, que la proposition émane de Marisol Touraine. Les fabricants lui auraient en effet indiqué que, d’ici « six mois à un an, le conditionnement du paracétamol devrait changer sous la pression ministérielle ». Difficile d’y voir clair, chacun se rejetant la responsabilité. Philippe Besset, vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), assure pour sa part avoir interrogé personnellement le directeur de cabinet de la ministre de la Santé sur le sujet lors de l’entretien qui s’est tenu lundi dernier. Résultat : « Il nous a confirmé que la seule chose qui a été prévue sur le paracétamol était une baisse de prix supplémentaires au 1er novembre. » Quant aux fabricants, aucun ne lui a fait part directement de ses éventuelles intentions. Les laboratoires BMS, par exemple, lui ont clairement indiqué qu’ils n’avaient pas de dossier déposé à l’Agence du médicament pour développer des grands modèles
de paracétamol. « Rien ne vachanger maintenant, ni en 2016, pense Philippe Besset, mais il faut se tenir prêt, si les autorités sanitaires décidaient de revoir leur position. »
Nouvelle donne.
En effet, cette révision des emballages de paracétamol changerait complètement la donne. Car pas sûr que les officinaux puissent encore prétendre à 4 ou 6 honoraires lorsqu’ils délivreront une boîte de 32 ou de 48 unités. Par exemple, la dispensation d’un emballage de 90 comprimés de metformine ou de trois collyres de latanoprost (Xalatan) se solde par la perception d’un seul honoraire, les pouvoirs publics réservant l’honoraire spécifique* aux conditionnements trimestriels.
« Si cela se faisait, il faudrait augmenter l’honoraire », prévient Philippe Besset. En effet, explique-t-il, la négociation conventionnelle reposait sur la dispensation d’un certain nombre boîtes. Si ce nombre venait à être modifié, « il est évident qu’il faudrait revoir le montant de l’honoraire », précise le vice-président de la FSPF. « Mais ce n’est pas pour cela que nous sommes opposés au grand conditionnement de paracétamol, insiste-t-il. Mais pour des raisons de santé publique. » Quoi qu’il en soit, les conséquences d’une modification du conditionnement du paracétamol pourraient être importantes sur l’économie des officines. « C’est le produit le plus vendu, rappelle Jean-Luc Fournival. Il permet de maintenir à flot beaucoup d’officines. » Une bonne raison, aux yeux du président de l’UNPF, d’aller vers la mise en place d’un honoraire à l’ordonnance, plutôt que d’un honoraire à la boîte. Martin Muller, chargé de l’économie à l’UNPF, est particulièrement pessimiste : si le paracétamol change de conditionnement, « on perdra tout ».
Pour Gilles Bonnefond, c’est bien la preuve que la réforme de la rémunération est risquée, à partir du moment où l’augmentation de la marge se concentre essentiellement sur le paracétamol et l’homéopathie. Aussi, considère-t-il que l’étape de 2016, instaurant l’honoraire à 1,02 euro, doit être annulée. Au 1er janvier 2016, précise le président de l’USPO, tous les médicaments dont le prix est supérieur à 1,81 euro (PFHT) verront leur marge baisser. Du coup, en cas de changement de conditionnement du paracétamol, les officinaux perdraient non seulement des honoraires, mais aussi de la marge. Mais, pour l’heure, tout n’est que spéculation, aucune annonce officielle n’ayant été formulée.
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