Le 13 octobre, l’amphi du centre hospitalier de Cholet recevait un public inhabituel. Plus de 110 patients se pressaient sur les gradins, tous concernés par l’affaire du Lévothyrox.
Pendant plus d’une heure, Amine Umlil*, pharmacien du centre hospitalier de Cholet et directeur du Centre territorial d’information indépendante et d’avis pharmaceutiques (CTIAP), accompagné de deux médecins endocrinologues de l’hôpital, retrace la vie du médicament. Muni d’un crayon, il expose au tableau des notions telles que la demi-vie du médicament et la marge thérapeutique étroite. Didactique, le pharmacien dessine des courbes en démystifiant ce que devient, dans un traitement chronique, à administration répétée, le médicament lors de l’absorption, de sa diffusion, de sa métabolisation, puis de son élimination.
Il explique aussi aux patients ce qu’implique un changement de spécialité dans ce type de traitement, entre zone toxique et zone inefficace, notamment la nécessité d’un suivi biologique. Amine Umlil insiste également sur un autre facteur, le temps qu’il faudra pour parvenir à l’équilibre du traitement et à la régression des symptômes, de trois semaines à plusieurs mois pour certains. « J’ai pris le parti que les patients sont capables de comprendre ces notions, certes complexes, à la seule condition qu’on les leur explique dans un langage accessible pour tous », expose le pharmacien.
Une pharmacovigilance à l'échelle du patient
Le pari est tenu puisque ce « cours » semble avoir répondu aux attentes. Au bout d’une heure, l’ambiance s’est visiblement apaisée. « Je ne sais pas si je pourrai tout retenir mais j’ai compris le principe », confie un patient âgé au pharmacien. Une autre patiente reconnaît avoir appris qu’elle doit prendre son traitement à certaines heures afin d’éviter les interactions. Une autre transmet son dossier au pharmacien.
« Dans l’affaire du Lévothyrox, tout le monde évoque un défaut d’information. Je suis convaincu que cette lacune ne peut être comblée que sur le terrain, dans la proximité ; Rien ne remplace la communication orale », conclut Amine Umlil. Avec une pointe d’amertume cependant. Le pharmacien regrette que son initiative, soutenue par la direction du Centre hospitalier, n’ait pas retenu l'attention des pouvoirs publics, ni du ministère.
Il ne s’avoue pas vaincu pour autant. Bien au contraire, l’intérêt suscité par cette intervention, inscrite dans la continuité des objectifs du CTIAP, l’incite à poursuivre l’information du patient. Sous une autre forme dont il reste à convenir des modalités, sans doute en entretiens individuel ou collectif, le pharmacien souhaite convier à une pharmacovigilance à l’échelle du patient. Des consultations « Effets indésirables médicamenteux et pharmacovigilance » les recevront pour évoquer avec eux les conséquences de leur traitement.
Amine Umlil a déjà listé quelques thématiques : troubles biologiques comme l'hyponatrémie ou l’hypernatrémie, potassium, calcium, bilan lipidique, anémies, thrombopénies, pneumopathies, troubles cutanés, cardiaques, hépatiques, rénaux, oculaires ou encore chutes, notamment chez les personnes âgées… Cette démarche, en accord avec le médecin traitant, constituera un lien supplémentaire entre l’hôpital et la ville.
* Auteur de « Ce que devient le médicament dans le corps humain », Édition BoD, juin 2016, et de « 20 000 ; Plaise au Président de la République française » Édition BoD, septembre 2017. ISBN 9782322084043.
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