LA RADIOTHÉRAPIE du cancer du sein vit une époque de mutation. Des changements liés tant aux patientes, qu’aux progrès thérapeutiques. D’un côté, la précocité du diagnostic et, de l’autre, les avancées technologiques avec des protocoles de plus en plus personnalisés constituent autant de facteurs d’évolution. C’est dans ce cadre que la FNCLCC (Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer) et l’INCa (Institut national du cancer) soutiennent de nouveaux projets de recherche visant la radiothérapie du cancer du sein (50 000 nouveaux cas par an, en France). Il s’agit d’optimiser les doses délivrées selon les caractères de la tumeur ou d’évaluer de nouvelles modalités, telles que l’irradiation accélérée ou hypofractionnée. Dans le même temps, une équipe de radiothérapeutes de l’institut Gustave-Roussy (Villejuif) publie les premières données d’un essai de phase II portant justement sur une radiothérapie partielle accélérée, en une semaine*. L’équipe de Céline Bourgier, par ses bons résultats, conforte,
en quelque sorte, les orientations prises par la FNCLCC.
Avant la description des essais en cours, démonstration de la faisabilité d’une radiothérapie partielle accélérée telle que réalisée par l’équipe de l’IGR. Entre octobre 2007 et septembre 2008, ces médecins ont enrôlé 25 patientes ménopausées atteintes d’un cancer mammaire à faible risque de récidive (pT1N0). Toutes avaient subi une tumorectomie. Elles ont bénéficié d’une irradiation conformationnelle 3D, proposée car la zone à traiter (secteur opéré plus marge de sécurité) ne dépassait pas 25 % du volume mammaire. Dans cet essai de phase II, l’objectif premier était de déterminer la dose optimale à délivrer, ainsi que la tolérance.
4 Gy biquotidiens pendant cinq jours.
La dose administrée était de 40Gy répartis en fractions de 4 Gy biquotidiennes pendant cinq jours. L’équipe a constaté que le secteur tumoral avait bien reçu la dose totale, en moyenne 41,8 Gy (de 41 à 42,4 Gy). Quant à l’irradiation des zones sensibles, elle était faible puisqu’évaluée à 1,6 Gy pour le poumon et 1,2 Gy pour le cœur. Les contrôles à 1, 2, 6 mois, puis semestriels montrent des toxicités précoces rares et peu importantes. C. Bourgier et coll. rappellent que l’irradiation conventionnelle consiste en une séance par jour pendant 6,5 semaines.
Quant au le futur, il repose, entre autres, sur deux essais en cours promus par la FNCLCC.
Le premier, SHARE (financé notamment par l’INCa), s’adresse à des patientes ménopausées présentant des tumeurs de bon pronostic et auxquelles est proposée une réduction des doses. Lancé ce mois-ci, cet essai de phase III devrait inclure, à terme, près de 2 800 patientes dans 50 centres français de radiothérapie. Il s’approche dans ses modalités de celui réalisé à l’IGR. Il a, en effet, pour objectif de comparer une irradiation accélérée focalisée au lit opératoire (zone d’ablation de la tumeur) sur cinq jours, à une irradiation mammaire standard ou hypofractionnée (sur trois semaines) dans le cancer du sein à faible risque de rechute locale. Les patientes seront suivies pendant dix ans. Une étude transrationnelle est, par ailleurs, associée. Elle vise à reclasser toutes les tumeurs selon les nouvelles classifications moléculaires et à déterminer prospectivement des profils géniques corrélés à une évolution de la maladie.
Risque de récidive locale.
Le deuxième essai (Young Boost) a commencé en Hollande en 2004 et en Allemagne en 2006. La France l’a rejoint fin 2007, avec près de 500 patientes déjà incluses. Cette phase III s’adresse à des femmes jeunes (moins de 51 ans). Il doit évaluer le bénéfice, sur la réduction du risque de récidive locale, d’un complément de dose de radiothérapie (26 Gy contre 16 Gy) à délivrer au lit tumoral, après
irradiation de la totalité du sein à 50 Gy. Les objectifs secondaires de l’essai consistent en une évaluation esthétique et une évaluation des séquelles sur 10 ans.
Enfin, deux autres projets de recherche clinique de radiothérapie dans le cancer du sein sont en cours. CYBERNEO porte sur la radiothérapie hypofractionnée par Cyberknife concomitante à la chimiothérapie néo-adjuvante. BONBIS est une étude multicentrique randomisée de phase III évaluant l’impact d’un complément de radiothérapie (16 Gy) après traitement radiochirurgical conservateur (50 Gy) des cancers canalaires in situ du sein.
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