Vieillir avec le VIH était une notion inimaginable il y a encore quelques années. Elle est aujourd’hui une réalité. Ainsi, en 2020, la part des patients de plus de 50 ans vivant avec le VIH (PVVIH) représentera 50 %. En 2010, les pathologies liées au sida ne représentaient plus que 25 % des causes de décès, contre 36 % en 2005 et 47 % en 2000. Mais si la mortalité a chuté, la chronicisation de la maladie pose un certain nombre de questions non résolues, inhérentes à l’effet de plusieurs années d’action du virus sur l’organisme et à l’absorption de polythérapies sur le long terme.
L’autre défi est celui de la prise en considération des maladies associées au vieillissement naturel du corps pour les PVVIH. Comme l’explique le Dr Valérie Martinez (hôpital Pitié-Salpêtrière, Paris), « chez les patients séropositifs les comorbidités sont plus fréquentes (six personnes sur dix sont concernées) et surviennent plus tôt (dès 40 ans) que chez les séronégatifs. Elles augmentent avec l’âge et s’associent entre elles ». Les plus fréquentes sont la dépression, la fibrose hépatique, l’ostéoporose, les pathologies cardio-vasculaires et rénales, les cancers non liés au VIH, les troubles cognitifs.
Afin de mieux connaître le parcours de soins des PVVIH de plus de 40 ans, le SIS a mené une enquête nationale dont les résultats montrent que, si leur prise en charge est globalement satisfaisante, la question du vieillissement est au cœur des préoccupations de ces personnes d’âge moyen de 52 ans vivant depuis 18 ans en moyenne avec le VIH et dont la quasi-totalité est sous antirétroviraux (ARV) ; 73 % estiment que leur vieillissement sera différent du fait du VIH et elles envisagent leur avancée en âge de façon plutôt pessimiste. Leur précarisation et leur isolement dans la société les inquiètent, ainsi que leur possible intégration dans des structures comme les maisons de retraite du fait de leur séropositivité.
Les actions santé d’HF Prévention
Ces problématiques nécessitent d’être saisies par les pouvoirs publics. Un débat pourrait être ouvert afin d’apaiser les angoisses de chacun et d’envisager comment la société de demain gérera ces patients âgés et polypathologiques. Il apparaît clairement qu’une exposition sur le long terme au virus et aux traitements ARV accélère et amplifie le processus naturel de vieillissement et que les comorbidités diminuent l’espérance de vie. « Cela impose une gestion différente de prise en charge et suppose un changement de paradigme, affirme le Dr Martinez, le dépistage doit devenir un acte banal. »
Cette population constitue une classe charnière vulnérable (sexualité active, divorce, changements de style de vie et de partenaires, mauvaise perception du risque, port du préservatif pas habituel). En 2014, les statistiques d’HF Prévention indiquent que, parmi les nouveaux dépistés, les 46-60 ans sont plus nombreux que dans les autres classes et que la prévalence de séropositifs y est la plus importante (près de 6 %).
Par rapport à ces personnes qui se sentent peu concernées, le travail d’HF Prévention est d’imaginer de nouvelles stratégies de dépistage sous un format d’OutReach pour aller à leur rencontre dans des lieux identifiés. Depuis plus de trois ans, HF Prévention a mis en place, avec le soutien de Gilead, des dépistages diagnostiqués et ciblés dans les universités, les centres commerciaux, les cœurs de cité, les lieux extérieurs (parkings, aires d’autoroute). L’innovation passe aussi par de nouvelles technologies, comme l’application mobile « TUP » pour géolocaliser les préservatifs (en pharmacie, distributeur, centres commerciaux, lieux gratuits) mais aussi les lieux de dépistage.
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Françoise Amouroux
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