Les résultats sont encore préliminaires, mais l'approche est prometteuse. Des scientifiques du centre de recherche sur le cancer Abramson de l'université de Pennsylvanie ont testé un vaccin thérapeutique chez 21 patients atteints de carcinome épidermoïde de la tête et cou causés par le papillomavirus (HPV +).
S'il est encore prématuré d'estimer l'efficacité du vaccin, les auteurs notent toutefois une augmentation de 86 % de l'activité des lymphocytes T dirigée contre des oncoprotéines spécifiques de la pathologie, comme ils le décrivent dans un article publié dans « Clinical Cancer Research ». Le vaccin à ADN testé lors de cette étude de phase Ib/II, est appelé MEDI0457. Il induit une réponse dirigée contre les oncoprotéines virales E6 et E7. La totalité des patients ont une réaction immunitaire dirigée contre au moins une de ces 2 oncoprotéines.
Une partie des patients de l'étude a reçu une dose de vaccin avant la chirurgie, et 3 doses après. Un autre groupe était traité par chimiothérapie et radiothérapie, ils ont reçu leurs 4 doses après leur traitement. Une réponse immunitaire importante d'au moins 3 mois a été observée chez 18 patients. Des lymphocytes T dirigés contre HPV 16-18 E6 et 7 ont été mis en évidence dans 5 biopsies de tumeurs réalisées après la première injection. Le vaccin était en outre bien toléré, en dehors de douleurs persistantes au niveau du site d'injection.
Un essai clinique en cours
« C’est la première fois que nous observons ce genre d'infiltration après une seule dose de vaccin », se réjouit le premier auteur de l'étude le Dr Charu Aggarwal, du service de médecine interne de l'hôpital universitaire de Pennsylvanie et premier auteur de l'étude. « Ces résultats ouvrent la porte à l'utilisation de l'immunothérapie ciblée contre les causes de cancers comme le papillomavirus », ajoute le Dr Aggarwal, qui précise en outre au « Quotidien » qu'un essai clinique randomisé est en cours de recrutement pour poursuivre le développement de ce concept de vaccin thérapeutique en association avec des anti-PD1. « Plusieurs modalités d'utilisation de ce vaccin sont envisagées, poursuit-elle, pour l'instant, nous allons nous consacrer à l'étude de l'effet de ce vaccin chez des malades atteints de carcinome métastasé. »
Un des patients de l'étude a particulièrement attiré l'attention des auteurs : traité en 2015, il développe une métastase 7 mois plus tard avant de recevoir une chimiothérapie basée sur les anti-PD1 qui parvient à contrôler étonnamment vite la maladie. Plus de 2 ans plus tard, ce patient est toujours en rémission. Les chercheurs estiment que cette excellente réponse au traitement est une conséquence de sa vaccination. La forte activité lymphocytaire dirigée contre les oncoprotéines E6 et E7, réactivée par les métastastases lymphatiques, conforte cette conclusion.
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