L’Académie de médecine a pointé, lors de sa dernière séance, le flou qui entoure les pictogrammes grossesse apposés depuis quatre mois sur les conditionnements de médicaments.
Apparus le 17 octobre dernier, deux pictogrammes signalent sur les boîtes de médicament, soit le danger pour la femme enceinte, soit l’interdiction de ce produit pendant la grossesse. L’Académie de médecine est revenue sur cette mesure lors de sa dernière séance, le 6 février, soulignant les imprécisions qui accompagnent les textes, sources de difficultés d’interprétation, de confusion, et finalement d'inquiétudes auprès des femmes enceintes.
Le décret ainsi que les deux arrêtés qui encadrent cette mesure ne spécifient pas « si la notion de tératogénicité ou de fœtotoxicité doit être fondée sur les données humaines ou seulement chez l’animal ». Or, rappelle l’Académie, « alors que chez l’humain une quinzaine de substances sont connues comme tératogènes (en dehors des antimitotiques) et une quarantaine comme fœtotoxiques, 60 à 70 % des spécialités pharmaceutiques pourraient, dans les faits, être concernées par un pictogramme « danger » ou « interdit » ».
Une situation qui, pointent les académiciens, « est difficile à gérer pour les professionnels de santé, dans l’obligation d’expliquer à leurs patientes les motifs de pictogrammes, sans concertation préalable avec les sociétés savantes et professionnelles et sans communication sur le fond ». Car, toujours selon l’avis de l’Académie de médecine, « la décision du pictogramme à apposer est laissée à l’appréciation des firmes, que des stratégies thérapeutiques aient déjà été produites ou non par des professionnels de santé ».
Aussi, les académiciens recommandent-ils de revenir sur le périmètre du décret. Ils suggèrent de ne conserver qu’un seul pictogramme, celui de l’interdiction formelle du produit, dès lors que la substance a fait la preuve de son effet délétère pour la grossesse humaine.
Pour les autres substances, ils ne jugent pas opportun d’apposer un pictogramme spécifique, et privilégient les échanges entre les patientes, les prescripteurs et les pharmaciens sur la base des informations médicales disponibles et de la notice des conditionnements.
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