Trop flous, trop peu étayés scientifiquement et finalement anxiogènes pour les femmes enceintes. C’est en substance l’avis qu’a publié, à l’issue de sa séance du 6 février, l’Académie de médecine au sujet des pictogrammes de grossesse sur les boîtes de médicaments, en vigueur depuis quatre mois.
Dans leur quasi-unanimité, les académiciens dénoncent le flou qui entoure les textes car il n’est aucunement spécifié « si la notion de tératogénicité ou de fœtotoxicité doit être fondée sur les données humaines ou seulement chez l’animal ». Or, rappelle l’Académie, « alors que chez l’humain une quinzaine de substances sont connues comme tératogènes (en dehors des antimitotiques) et une quarantaine comme fœtotoxiques, 60 à 70 % des spécialités pharmaceutiques pourraient, dans les faits, être concernées par un pictogramme « danger » ou « interdit » ».
Principe de précaution
Des discordances qui, pointent les académiciens, engendrent « une situation difficile à gérer pour les professionnels de santé, dans l’obligation d’expliquer à leurs patientes les motifs de pictogrammes, sans concertation préalable avec les sociétés savantes et professionnelles et sans communication sur le fond ». Car, selon l’avis de l’Académie de médecine, « la décision du pictogramme à apposer est laissée à l’appréciation des firmes, que des stratégies thérapeutiques aient déjà été produites ou non par des professionnels de santé ».
Un principe de précaution qui pourrait conduire une perte de chance pour les patientes, redoutent les académiciens. Par conséquent, ils suggèrent de réduire le périmètre du décret au pictogramme. Désormais, ne devrait être utilisé que le logo interdisant formellement le produit, « dès lors que la substance a fait la preuve de son effet délétère pour la grossesse humaine ».
Pour les autres substances, l’Académie propose que les patientes se réfèrent aux prescripteurs et aux pharmaciens qui les conseilleront sur la base des informations médicales disponibles et de la notice des conditionnements.
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