AU DÉBUT DE L’ÉTÉ, un tribunal de Cologne, en Allemagne, a autorisé trois hommes souffrant de douleurs chroniques à faire pousser du cannabis chez eux, après qu’une demande officielle de cannabis thérapeutique leur ait été refusée par les autorités sanitaires. Selon les plaignants, en effet, seul le cannabis permet d’apaiser leurs souffrances, contrairement aux médicaments « classiques ».
La décision du tribunal de Cologne, qui pourrait toutefois être prochainement cassée, suite à un appel actuellement envisagé par l’institut fédéral du médicament et des produits de santé, a suscité énormément de commentaires dans le pays, mais aussi une prise de position officielle de l’Ordre des pharmaciens à ce sujet. Selon le président de l’Ordre, Andreas Kiefer, si l’on autorise l’usage thérapeutique du cannabis, celui-ci doit être considéré comme un médicament, et donc préparé et distribué en tant que tel. Or les plantations « sauvages » à domicile ne répondent absolument pas aux prescriptions de qualité, de sécurité et d’hygiène auxquels sont soumis tous les médicaments, depuis leur production jusqu’à leur distribution. Seule une délivrance contrôlée en pharmacie, avec l’obtention d’une AMM pour les produits concernés, mais aussi une prescription en bonne et due forme, peut garantir la conformité et le bon usage du produit.
Depuis 2009, les médecins ont la possibilité de prescrire, dans certains cas très précis, des médicaments à base de cannabis à leurs patients, qui leur sont alors délivrés dans les pharmacies, mais au prix de longues et complexes procédures administratives impliquant aussi bien les médecins que les pharmaciens et les patients, qui doivent par ailleurs payer eux-mêmes ces produits. Selon les médecins favorables au cannabis thérapeutique, près de 4 000 patients, essentiellement des malades chroniques, bénéficieraient déjà de cannabis vendu en pharmacie, mais plusieurs centaines de milliers d’autres n’arrivent pas à en obtenir par ce biais, ou n’ont pas les moyens de le payer, le coût mensuel d’un tel traitement avoisinant les 600 euros.
Une partie de la classe politique a réagi favorablement à la proposition de l’Ordre des pharmaciens, en particulier les spécialistes santé du parti social-démocrate (SPD). Selon eux, une libéralisation du système, assortie à une distribution plus simple du cannabis en pharmacie, pourrait aussi faire baisser le coût de ces médicaments, qui pourraient même, dans certains cas, être pris en charge par l’assurance-maladie.
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