LE PR PATRICK COUVREUR a reçu pour ses travaux sur la vectorisation des médicaments le Prix Galien en 2009 et la médaille de l’innovation en 2012.
Parmi ses principaux résultats, le Pr Couvreur a montré que l’utilisation des nanoparticules augmentait la sensibilité des cellules tumorales aux médicaments anticancéreux, avec un effet positif sur l’activité thérapeutique et une réduction des effets secondaires. Un essai clinique en phase III est en cours dans 40 hôpitaux européens et américains. Les premiers résultats concernant l’hépatocarcinome résistant sont, selon le spécialiste, satisfaisants.
Ses dernières recherches portent sur la doxorubicine, l’un des principaux médicaments utilisé en oncologie clinique du fait de son large spectre d’activité contre diverses maladies néoplasiques et hématologiques mais présentant différents effets indésirables, notamment une cardiotoxicité irréversible. « On a cherché à limiter les effets secondaires et à avoir une molécule capable de reconnaître spécifiquement les cellules tumorales », explique le Pr Couvreur, devant les membres de l’Académie.
Augmenter l’index thérapeutique du médicament.
Afin d’améliorer l’efficacité thérapeutique de la doxorubicine, l’équipe du Pr Couvreur en collaboration avec le laboratoire Bioalliance a mis au point des « nano-objets ». D’une taille comprise entre 10 et 100 nanomètres et préparés à partir d’un polymère biodégradable, les nanovecteurs transportent les médicaments au niveau du site d’action. Lors de ce transport, ils protègent la molécule active de la dégradation par les enzymes et permettent de passer certaines barrières mécaniques où physico-chimiques qui réduisent l’accès des principes actifs vers la cible biologique. Ainsi, les nanovecteurs adressent sélectivement la molécule à la cellule cible et contrôlent la libération du principe actif, en réponse à un stimulus endogène ou exogène (pH, température…). En somme, cette technologie augmente l’activité thérapeutique du médicament anticancéreux.
Une mise sur le marché en 2016.
Dans le cas de l’hépatocarcinome, la surexpression des protéines à la surface entraîne une résistante au médicament. « Il faut tromper le cancer en encapsulant la doxorubicine », précise le Pr Couvreur. Ses précédentes études ont prouvé que les nano-médicaments étaient efficaces dans les cultures cellulaires puis dans le modèle murin. « Les nano-médicaments rendent à nouveau sensible les cellules tumorales au médicament anticancéreux », ajoute-t-il. Les résultats de l’essai clinique en phase II ont été particulièrement concluants : le taux de survie des patients ayant bénéficié du concept « intelligent » est estimé à 90 %. Les équipes ont débuté les essais cliniques de phase III en novembre 2012, la fin de cette étape étant prévue courant 2015 pour une mise sur le marché en 2016, estime le Pr Couvreur.
Récemment Google a annoncé le lanacement prochain de recherches basées sur les nanoparticules afin de réaliser des diagnostics précoces de cancerss. « Si Google s’intéresse aux nanoparticules, on ne peut être que content mais encore faut-il mettre au point des technologies. Elles sont difficiles à mettre au point, on ne sait pas exactement ce qu’ils désirent utiliser et pour quelle pathologie… C’est plus un effet d’annonce », a commenté le Pr Couvreur. Une centaine d’études utilisant les nanoparticules dans le cadre médical ont déjà vu le jour.
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