« LES PREUVES, qui continuent à s’accumuler, sont assez fortes pour justifier » une classification de l’usage du téléphone portable en « peut être cancérogène pour l’homme » (groupe 2B), indique le Dr Jonathan Samet (University of Southern California), président du groupe de travail. Les experts de quatorze pays, rassemblés sous l’égide du CIRC – agence de l’OMS qui se consacre aux champs électromagnétiques de radiofréquence –, ont analysé toute la littérature scientifique (les conclusions seront publiées dans « The Lancet Oncology » du 1er juillet).
Le classement 2B, fondé « sur des études épidémiologiques montrant un risque accru de gliome, un type de cancer du cerveau associé avec l’usage du téléphone portable », indique qu’« il peut y avoir un risque et que donc nous devons surveiller de près le lien entre les téléphones portables et le risque de cancer », ajoute Jonathan Samet. Il est identique à celui, par exemple, de la laine de verre et des vapeurs d’essence. « Il est important que des recherches complémentaires soient menées sur l’utilisation intensive, sur le long terme, des téléphones portables », estime Christopher Wild, directeur du CIRC. « Dans l’attente de la disponibilité de telles informations, il est important de prendre des mesures pragmatiques afin de réduire l’exposition (aux ondes) », souligne-t-il. Conseillée, la pratique des SMS ou l’utilisation d’un kit mains libres permettrait de diviser par dix l’exposition.
Évolution.
S’il existe un lien possible pour les gliomes et les neurinomes de l’acoustique, les experts estiment toutefois qu’il n’est pas possible de tirer des conclusions pour les autres types de cancer. Par ailleurs, le risque de cancer n’a pas été quantifié. « Concernant les forts utilisateurs, il faut faire attention, car les données épidémiologiques remontent à dix ans. Entre temps, la technologie a beaucoup évolué et les téléphones modernes ont une émission beaucoup plus basse que les anciens, explique le Dr Robert Baan, chercheur au CIRC. Il y a une amélioration de la technologie, mais il y a aussi une augmentation de l’usage. Il est difficile de faire la balance entre les deux. »
Le groupe de travail se fonde essentiellement sur l’étude Interphone qui a étudié un usage du portable jusqu’en 2004 et a montré une augmentation de 40 % du risque de gliomes chez les plus gros utilisateurs (à l’époque définis comme utilisant l’appareil pendant en moyenne 30 minutes par jour pendant dix ans).
« À partir d’aujourd’hui, plus personne ne pourra dire le risque n’existe pas. Et chacun à son niveau – politiques, opérateurs, employeurs, utilisateurs, parents – devra en tenir compte », déclare Janine Le Calvez, présidente de l’association Priartem, qui se bat également contre les antennes-relais. La Fédération française des télécoms rappelle, de son côté, que les opérateurs incluent un kit oreillette dans chaque coffret de téléphone mobile tandis que les professionnels américains, regroupés au sein de l’association CTIA, contestent les conclusions du CIRC. Il y a désormais cinq milliards d’abonnements à la téléphonie mobile dans le monde dont soixante-quatre millions en France.
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