Les spécialistes estiment que près de 30 % de la population adulte est potentiellement atteinte d'une maladie hépatique chronique et/ou incurable, identifiée ou non. « On peut mourir du foie, il est le reflet de notre état de santé et certaines hépatites nécessitent des actions urgentes, annonce le Pr Patrick Marcellin, de l’hôpital Beaujon à Paris. Le point commun des différentes pathologies est la fibrose dont l'évolution plus ou moins rapide conduit à la cirrhose et au carcinome hépatocellulaire (CHC) avec un risque de mortalité et/ou de transplantation. » Son évolution dépend de facteurs externes (virus, alcool, co-infections), métaboliques (diabète, obésité, HTA, syndrome métabolique, dyslipidémie), génétiques et sociétaux. La stéatose pure (absence d'inflammation, de nécrose et de fibrose) toucherait 15 à 20 % de la population française ; ses conséquences sont minimes. En revanche la stéatohépatite non alcoolique (NASH), ou foie gras, est une maladie très fréquente ; elle est le nouveau vecteur de cirrhose (près de 80 % des cas) et de cancer du foie. Un CHC peut survenir même en l'absence de cirrhose constituée. Elle est liée à un afflux d'acides gras libres du tissu adipeux vers le foie où ils sont stockés. Ils déclenchent un processus oxydatif qui aboutit à la destruction des cellules hépatiques Elle est observée dans 10 % des obésités sévères. En France, le foie gras est une complication du syndrome métabolique. La NASH est en progression dans les pays industrialisés et elle augmentera inévitablement les prochaines années. Elle est aujourd'hui la première cause de transplantation hépatique aux États-Unis.
Une forte mortalité par cancer du foie
« La perte pondérale de 8 à 10 % du poids initial associée à un régime hypocalorique ou une chirurgie bariatrique, et la pratique d'une activité physique constituent le socle du traitement de la NASH, précise le Pr Lawrence Serfaty (hôpital Saint-Antoine à Paris). Il n'existe à ce jour aucun traitement médicamenteux pour espérer une résolution complète de la maladie. » Les programmes d'éducation pour une bonne hygiène de vie doivent être encouragés. Il est temps également de mettre en place une politique de prévention des maladies en lien avec l'alcool. Sa consommation excessive et prolongée ainsi que les infections chroniques par les virus VHC et VHB sont à l'origine du carcinome primitif du foie. Il est associé à une cirrhose dans 90 % des cas. Le CHC compte parmi les plus fortes mortalités parmi les cancers. 75 % des cancers dépistés précocement sont accessibles aux traitements curatifs et à la guérison, mais le CHC reste asymptomatique jusqu'à un stade avancé de la maladie. Après l'apparition des symptômes, la survie à cinq ans est estimée à 5 %. L'immunothérapie représente une nouvelle piste contre les formes avancées de CHC et pour les transplantations. Quant aux patients atteints d'hépatite B, ils peuvent être mis en rémission mais le traitement doit être maintenu à vie. La recherche clinique s'oriente vers l'obtention d'une guérison et non d'une simple élimination virale. Plusieurs molécules sont en cours d'études en phase initiale. Concernant l'hépatite C, en attendant le dépistage universel, les laboratoires travaillent sur de nouveaux médicaments permettant de raccourcir la durée des traitements à un mois. La course n'est pas terminée, même si on peut espérer une éradication à plus ou moins long terme.
« Les pathologies du foie sont en train de progresser et leur prise en charge doit évoluer rapidement, conclut le Pr Marcellin. Les progrès doivent porter sur davantage de dépistages, un accès universel aux soins pour tous, le développement de TROD et de tests plus sensibles, des programmes d'éducation et de prévention, la recherche sur la fibrogenèse et la NASH et de nouveaux médicaments à découvrir. »
D'après une conférence de presse au 10e congrès de PHC (Paris Hepatology Conference).
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