En 2015, l’impact cardiovasculaire des incrétino-mimétique prescrits dans le traitement du diabète de type 2 a été questionné par une méta analyse américano-canadienne publiée dans le « Lancet Diabete and Endocrinology » (Udell et al). Les auteurs avaient rassemblé les données de plusieurs études randomisées et conclu que le risque d’insuffisance cardiaque était plus important chez les patients diabétiques traités par incrétino-mimétiques.
L’étude SAVOR-TIMI 53 avait montré une augmentation de 27 % du risque d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque chez les patients traités par saxagliptine, un anti DDP-4. Les auteurs de l’essai EXAMINE avaient quant à eux également montré un surrisque, mais uniquement chez les patients ayant des antécédents cardio-vasculaires.
Un million et demi de patients
Pour le Dr Kristian Filion, du centre d’épidémiologie clinique de l’Institut Lady Davis, (hôpital général juif de Montréal), et ses collègues, ces essais cliniques « ne disposent peut être pas d’un échantillonage assez large de patients pour répondre efficacement à cette question. Il faut aussi noté que ces études n’étaient pas spécifiquement conçues pour évaluer un risque cardio-vasculaire ».
Ils ont donc monté une cohorte beaucoup plus conséquente, en rassemblant les données de près d’1,5 million de patients diabétiques issus des services de santé américains, canadiens et britanniques. Selon les résultats de leurs travaux financés par les instituts canadiens de la recherche médicale et publiés jeudi 24 mars dans le « New England Journal of Medicine », les patients diabétiques sous incrétino-mimétiques n’avaient pas plus de risque d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque que les patients traités par d’autres classes d’anti-diabétiques.
Chaque membre de cette cohorte ayant été hospitalisé pour cause d’insuffisance cardiaque a été comparé à au moins 20 contrôles leur correspondant en termes d’âge, de sexe, d’entrée dans la cohorte, de durées du traitement et de suivi.
Pas de surrisque associé à la durée de traitement
Au total, 29 741 membres de la cohorte ont été hospitalisés, soit une incidence de 9,2 hospitalisations pour 1 000 personnes-années. Le taux d’hospitalisation n’était pas significativement différent chez les patients à qui l’on avait prescrit des incrétino-mimétiques, comparés à ceux qui prenaient d’autres antidiabétiques oraux. Les auteurs ont en effet mesurer que le risque relatif d’hospitalisation était de 0,86 chez les patients traités par incrétino-mimétiques ayant des antécédents d’insuffisance cardiaque, et de 0,82 chez ceux qui n’avaient pas d’antécédants, comparés à ceux qui sont traités par d’autres antidiabétiques.
Les résultats restaient les même si l’on s’intéresse plus précisément au surrisque associé aux anti DPP-4 (risque relatif de 0,84) ou aux analogues du GPL-1 (0,95). Les auteurs ont en outre classé les patients en fonction de la durée de leur traitement et sont notés que les patients sous incrétino-mimétiques depuis plus de deux ans n’avaient pas un risque d’hospitalisation significativement plus important que les patients traités depuis plus de deux ans avec une autre classe médicamenteuse.
Ce n’est pas la première controverse à laquelle doit faire face la sécurité des incrétino-mimétiques. En 2013, l’agence européenne du médicament avait enquêté sur le risque alors que le surrisque de pancréatite et de tumeur pancréatique avait été soulevé dans la revue « Diabetes » par des chercheurs de l’université de Californie (Butler and al). L’agence européenne avait estimé que les données de la littérature ne permettaient pas d’affirmer que ce risque était réel.
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