C’EST PARCE QUE Patricia Ganz et son équipe de l’université de Californie à Los Angeles s’intéressent aux facteurs d’environnement dans la récidive d’un cancer du sein qu’ils sont parvenus à un constat pour le moins surprenant. Chez des femmes qui bénéficient d’un traitement par un inhibiteur de l’enzyme de conversion (pour une HTA, le plus souvent), il existe un taux de récidives plus important. Mais, à l’inverse, celles qui reçoivent un bêtabloquant semblent protégées. Quant à l’association des deux molécules chez une même patiente, les effets de l’une neutralisent ceux de l’autre.
L’étude a été menée chez 1 779 femmes enrôlées dans la cohorte LACE (Life After Cancer Epidemiology). Parmi elles, 292 ont connu une récidive tumorale et 23 % des participantes recevaient soit un bêtabloquant, soit un inhibiteur de l’enzyme de conversion. Dans l’ensemble, ces femmes traitées étaient plus âgées, ménopausées et atteintes d’autres pathologies chroniques (surpoids, diabète…).
Bien sûr, de tels résultats méritent d’être confirmés. Tout d’abord, l’équipe s’intéresse à un modèle de souris atteintes d’un cancer mammaire. L’objectif étant de comprendre le phénomène au niveau cellulaire. Ensuite, en collaboration avec des Danois et des Canadiens, Patricia Ganz vérifie le lien chez un plus grand nombre de patientes. Ils espèrent pouvoir statuer au cours de l’année à venir sur les effets latéraux de ces antihypertenseurs.
Le message plus général à retenir de ce travail, expliquent les chercheurs, est que si des traitements peuvent être nécessaires au cours de certaines pathologies, ils peuvent aussi avoir des actions délétères chez les femmes ayant été traitées pour un cancer du sein. Ils pensent que les IEC et les bêtabloquants peuvent agir diversement sur le micro-environnement du cancer, sur les voies de l’inflammation, ce qui expliquerait leurs activités opposées. Un état
inflammatoire est considéré comme le terreau de la croissance tumorale.
Des travaux récents ont montré que le stress est capable de reprogrammer les cellules immunitaires, les faisant passer du statut d’agents protecteurs à celui d’agresseurs. Chez des souris stressées, le risque de dissémination était multiplié par 30. C’est à cette étape qu’interviennent les bêtabloquants. En effet, ces molécules, chez les rongeurs traités, ont limité la dissémination cancéreuse, notamment en reprogrammant les macrophages. C’est à partir de ce constat que les Californiens se sont penchés sur la cohorte LACE. Les patientes avaient été suivies en moyenne pendant huit ans et les données concernant les traitements suivis étaient disponibles.
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