Maux de tête, fièvre, vomissements, photophobie, raideur de la nuque… Ces symptômes qui caractérisent une infection à méningocoques (méningite, septicémie…) sont bien connus. Toutefois, des douleurs abdominales sont de plus en plus observées dans la phase précoce de l’infection et doivent être prises en compte au même titre que les autres symptômes connus de la maladie, selon une éude de l’Institut Pasteur et du service de pédiatrie de l’hôpital Bicêtre (AP-HP).
Selon les résultats publiés dans « Clinical Infectious disease », « les formes cliniques de l’infection invasive à méningocoques doivent être élargies aux symptômes abdominaux », indique au « Quotidien » le Dr Muhamed-Kheir Taha, principal auteur de l’étude et responsable du Centre national de référence des méningocoques (CNRM) à l’Institut Pasteur (Paris).
Des patients infectés par la souche W
Parmi les 11 979 infections à méningocoques recensées entre 1991 et 2016, dont les souches ont été conservées au CNRM, 105 cas de symptômes digestifs précoces (douleurs abdominales, gastro-entérite et diarrhées) ont été identifiés (âge médian de 19 ans).
« La proportion des formes abdominales est en augmentation. Cela semble être lié à une nouvelle souche, la souche W venue d’Amérique du Sud et qui est en train de déferler sur l’Europe depuis 2014 », note le Dr Taha. Des douleurs abdominales ont été rapportées chez 10 % des patients infectés par cette souche.
La majorité des cas de douleurs abdominales étaient en effet liés à cette souche, mais aussi à la souche C. « Les méningocoques C et W sont de même complexe clonal. Les souches du méningocoque sont classées, en fonction de la similitude et du polymorphisme de leur ADN, dans des groupes appelés complexes clonaux », explique le Dr Taha. « Définir le complexe clonal permet de mieux tracer les relations cliniques entre les souches ».
L’ensemble des souches W et une grande partie des C appartiennent au complexe clonal ST-11, majoritairement impliqué dans les formes abdominales. « Ce complexe hyperinvasif est souvent associé à la mortalité », avance le Dr Taha.
Pour 79 des patients avec douleurs abdominales pour lesquels l’évolution de la maladie était connue, le taux de mortalité est de 24 % avec des niveaux d’inflammation importants, alors qu’il est de 10,4 % pour l’ensemble des infections.
Tableau abdominal, fièvre, extrémités froides
Par ailleurs, les chercheurs ont montré que la souche W possède une centaine de gènes impliqués dans les phénomènes inflammatoires. « Les douleurs digestives liées à l’infection sont dues à une inflammation des vaisseaux sanguins qui irriguent le péritoine », précise le Dr Taha. Ainsi, 20 % des personnes (sur les 105 identifiées) ont subi une appendicectomie à tort, en raison de ces symptômes peu spécifiques.
Le Dr Taha souhaite alerter les médecins : « un tableau abdominal associé notamment à des extrémités froides et de la fièvre doit entraîner un examen complet. L’infection à méningocoques doit faire partie du diagnostic différentiel ». Il ajoute : « il est important d’y penser, car cette maladie est mortelle sans traitement mis en place précocement ».
Renforcer la prévention
Pour le Dr Taha, ces résultats doivent amener à renforcer la prévention et à adapter la stratégie vaccinale qui concerne uniquement le méningocoque C : « la souche W se retrouvant essentiellement chez l’adolescent et le jeune adulte, une vaccination contre cette souche ciblant cette population serait intéressante ».
Plusieurs décès mettant en cause cette souche étaient survenus fin 2016 à l’université de Dijon, conduisant à une campagne de vaccination exceptionnelle utilisant le vaccin tétravalent (A, C, Y et W).
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques