LES PHARMACIENS et les préparateurs devraient pouvoir se faire vacciner contre la grippe A(H1N1) dans quelques jours. Des courriers invitant les titulaires à se procurer auprès de leur caisse primaire un bon de vaccination pour eux et leurs salariés doivent partir à la mi-novembre, indique la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM). Car celle-ci ne peut recenser qui travaille dans une officine.
Pas sûr cependant que les équipes officinales se rendent en masse dans les centres de vaccination. Selon différentes enquêtes réalisées ces derniers mois sur notre site Internet quotipharm.com, pratiquement 7 confrères sur 10 affirment ne pas avoir l’intention de se faire vacciner contre la grippe A. C’est un peu mieux que la population générale. Un récent sondage IFOP révèle ainsi que seulement 2 Français sur 10 déclarent être prêts à le faire.
La ministre de la Santé n’arrive pas à convaincre de l’intérêt du vaccin contre la grippe A. Pour la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et le syndicat de médecins CSMF « une des raisons essentielles de cette méfiance tient à la façon dont la vaccination a été organisée » (« le Quotidien » du 16 novembre). Ces représentants de professionnels de santé libéraux regrettent d’avoir été exclus du dispositif. « En contournant les professionnels de santé, interlocuteurs naturels des patients et dans lesquels ils ont placé leur confiance, le schéma de vaccination a créé un climat de doute, écrivent-ils dans un communiqué. Malgré l’ampleur des efforts déployés, cette vision étatique et technocratique de la santé peu rassurante a eu un effet démobilisateur. » La FSPF et la CSMF demandent par conséquent que la vaccination passe désormais par les officines et les cabinets médicaux.
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L’épidémiologiste Antoine Flahault défend également cette idée qui, selon lui, permettra d’augmenter la couverture vaccinale. Dans un entretien accordé au « Figaro », il estime en effet que « l’on aurait intérêt aujourd’hui à revisiter l’ensemble du dispositif de vaccination pour que ceux qui ont le plus la confiance des Français, c’est-à-dire non pas les autorités sanitaires, non pas les experts, mais les généralistes et les pharmaciens d’officine, soient remis au centre du schéma de vaccination. » Toutefois, l’épidémiologiste ne se dit pas forcément favorable à la suppression des centres municipaux, « mais la population doit avoir le choix et pouvoir se rendre chez son généraliste si elle le souhaite pour se prémunir contre cette grippe. »
Toutefois, cette idée reste confrontée à un obstacle de taille : le conditionnement multidoses du vaccin et le risque de gâchis énorme de doses si la vaccination devait être mise en place dans les cabinets de ville. « La décision de créer ces centres vaccinaux est liée aux conditions particulières de cette campagne de vaccination de masse, avait expliqué Roselyne Bachelot lors de la dernière Journée de l’Ordre des pharmaciens. D’une part, les vaccins se présentent en flacon multidoses à reconstituer ; d’autre part, les centres de vaccination vont permettre d’assurer une traçabilité renforcée des vaccins administrés, et libèrent ainsi du temps pour les médecins généralistes, qui pourront se consacrer pleinement aux soins requis par leurs patients. » Le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, indique de son côté que « le gouvernement a fait un choix pragmatique, qui est de vacciner le plus grand nombre de Français dans un temps limité grâce à des vaccins multiples et à des centres de vaccination de proximité, qui permettent des vaccinations en grand nombre pendant une même journée. »
Quoi qu’il en soit, tous les professionnels de santé ne partagent pas les termes du communiqué de la FSPF et de la CSMF. C’est le cas notamment de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) qui souhaite prendre ses distances avec cette initiative. « Je suis choqué par la diffusion de ce communiqué à l’heure même où tous les signaux doivent être en faveur de la vaccination », déplore Gilles Bonnefond, président délégué de l’USPO. Ce qui ne l’empêche pas de plaider pour la participation des officinaux aux politiques de prévention. Mais, explique-t-il, « il fallait, comme nous l’avons fait d’ailleurs, faire part de nos remarques sur l’organisation de cette campagne au mois de juin dernier. » « La fabrication par les industriels de multidoses a écarté de fait les médecins libéraux et les pharmaciens du dispositif », ajoute-t-il. Alors, pour cette année, compte tenu de la situation d’urgence, le président délégué de l’USPO prend acte de la décision ministérielle et promet qu’il fera tout pour que la vaccination contre la grippe A soit un succès. En revanche, il n’entend pas regarder de loin la prochaine campagne. « Nous souhaitons que les industriels fabriquent pour l’année suivante des présentations en monodoses afin que le dispositif respecte le circuit habituel de la vaccination incluant les médecins, les pharmaciens et les infirmières de ville », précise Gilles Bonnefond. Un bon exemple de coopération interprofessionnelle.
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