MAIS DE QUOI meurent donc nos centenaires ? De leur belle mort ! Semblent nous répondent Catherine Evans et ses collègues du King’s College de Londres. Ils viennent de publier dans « PLOS medicine » les résultats d’une étude sur les causes et les lieux de décès relevés dans une cohorte de près de 36 000 patients ayant un age médian de 101 ans, compris entre 100 et 115 ans.
Cette cohorte anglaise, très largement féminine (86,7 %), a pu être constituée rétrospectivement grâce aux données renseignées par l’Office des statistiques nationales anglais. Les auteurs ont ainsi comparé les circonstances des décès des centenaires avec celles de patients décédés entre de 80 et 84 ans. Ils précisent qu’en 10 ans, le nombre annuel de décès de centenaires en Angleterre a augmenté de 56 %, passant de 2 823 en 2001 à 4 393 en 2010.
Sans surprise, la majorité des décès sont survenus dans des maisons de santé (34,5 %), dans des maisons de retraite (26,7 %) ou à l’hôpital (27,2 %). Ces dix dernières années, la proportion de centenaires décédés à l’hôpital a cependant augmenté au détriment de celle des patients décédés en maison de retraite.
La première cause primaire était la mort de vieillesse avec 28,1 % des décès contre 0,9 % chez les patients morts entre 80 et 84 ans. Une autre cause de majeur de décès était la survenue d’une pneumonie, responsable de 17,7 % des décès de centenaires soit le triple du pourcentage observé chez les patients morts entre 80 et 84 ans. Au total, le grand âge était indiqué comme la cause principale ou une cause contribuant au décès sur plus de trois quarts des certificats de
décès.
Le cap du siècle.
A contrario, les cancers et les maladies ischémiques, qui prélèvent de lourd tribut avant 100 ans, ne représentent respectivement que 4,4 % et 8,6 % des décès dans la cohorte de centenaires. Pour les auteurs, les centenaires ont « passé le cap » où l’on est le plus exposé au risque de décès des suites d’une maladie chronique. Leurs causes de décès sont principalement associées au « déclin aigu » généralement observé à cet âge. Ils estiment donc qu’un effort en direction des soins préventifs et à domicile devrait permettre de maintenir ces très vieux patients chez eux et éviter le recours trop fréquent à la médecine d’urgence. Cette problématique est d’autant plus d’actualité que le nombre de centenaires va continuer à augmenter. En 2011, on comptait 317 000 centenaires dans le monde selon une estimation des Nations Unis. Leur nombre devrait dépasser la barre des 3 millions en 2050, et celle des 17 millions à la fin du siècle.
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