En 2015, deux équipes chinoises ont donné naissance à des chiens dont la masse musculaire était deux fois plus importante que la normale, et à des mini-cochons ne pesant que 15 kg à l'âge adulte. Si les exemples de telles manipulations génétiques sont de plus en plus nombreux, c'est notamment grâce à Crispr-Cas9 (prononcez crispeur casse nine). Ce nouvel outil pour apprenti généticien, mis au point en 2012, s'apparente à de véritables « ciseaux à découper l'ADN » (« Le Parisien Magazine » du 27/01/17).
Sans entrer dans le détail de son fonctionnement, il faut savoir que ce nouvel instrument a déjà intégré la boîte à outils de plus de 3 000 laboratoires dans le monde. Économique (150 euros le kit Crispr), précise, rapide et relativement facile à mettre en œuvre, la technologie Crispr-Cas9 permet d'espérer la découverte de traitements pour de nombreuses maladies génétiques et autres cancers. Son utilisation a ainsi déjà permis d'enlever un gène de résistance au paludisme du génome de certains anophèles pour les rendre incapables de transmettre la maladie à l'homme.
Problème, la facilité d'utilisation du kit Crispr l'a rapidement fait sortir des laboratoires spécialisés. Certains bricoleurs du génome (biohackers) sont ainsi en mesure de manipuler des bactéries dans leur garage ou dans des « laboratoires participatifs ». Même s'ils se targuent d'appliquer un code d'éthique très strict qui leur interdit le travail sur l'humain ou sur des organismes potentiellement générateur de maladie, les bioahackers n'en constituent pas moins une menace très sérieuse pour les gouvernements.
Après le rapport Clapper, le patron du renseignement américain a ainsi décidé de classer l'innovation Crispr-Cas9 dans la catégorie des armes potentielles de destruction massive. De même, en France, le Conseil national consultatif pour la biosécurité prend très au sérieux la menace que représentent les « ciseaux à découper l'ADN » en matière de bioterrorisme. Les éblouissants progrès des biotechnologies appliquées au vivant, capables du meilleur comme du pire, rappellent s'il en était besoin, que science sans conscience…
Génothérapie
Les bricoleurs du génome
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Publié le 30/01/2017
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Didier Doukhan
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Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3321
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