Il n’existe pas aujourd’hui de définition consensuelle du maintien de la perte de poids. De nombreux spécialistes s’accordent à considérer qu’il s’agit d’individus ayant perdu intentionnellement 10 % de leur poids initial et l’ayant maintenu au moins un an. Ce maintien est conditionné par la conservation de modifications comportementales et alimentaires dans la durée, mais chaque individu est unique avec un profil métabolique personnel et des besoins spécifiques. Maintenir une perte de poids obéit à des stratégies différentes que la simple perte de poids dans une perspective de prévention.
La nutrition comportementale allie un programme alimentaire individualisé et des thérapies comportementales et cognitives. Son efficacité a été évaluée lors d’une étude française d’envergure portant sur plus de 14 000 patients en surpoids ou obèses, ayant bénéficié de deux consultations et d’un suivi de plus d’un an par des médecins formés à la méthode.
L’objectif était d’évaluer le taux de succès du maintien d’une perte de 10 % du poids initial pendant au moins douze mois. Les résultats montrent que 27 % des participants ont atteint l’objectif, un quart est en échec sur la durée et près de la moitié n’a pas perdu suffisamment de poids par rapport à l’objectif. L’analyse des suivis des différents groupes a identifié comme déterminants du succès le poids de départ, la vitesse de perte de poids et la fréquence de consultation.
En effet, plus le poids de départ est important, plus le temps pour le perdre est court, plus le résultat obtenu est satisfaisant et durable, contrairement à de nombreux régimes amaigrissants suivis du phénomène du yo-yo. Le taux de succès augmente même chez les patients présentant un IMC élevé, il est de 40 % pour un IMC› 35 kg/m2, et plus de deux ans après la perte initiale de poids, 63 % des patients pour lesquels les données sont encore disponibles, sont toujours en succès. La réussite est également corrélée à une fréquence de consultations plus importante.
Le drapeau nutritionnel
La nutrition comportementale s’attache à modifier ce qui se passe dans l’assiette (causes directes et évidentes du surpoids) et ce qui se passe dans la tête (étiologies profondes et parfois invisibles du surpoids responsables des rechutes). L’approche nutritionnelle repose sur le respect d’un apport protéique à la juste dose, le choix des bonnes graisses, dont les acides gras essentiels, le maintien d’un apport en fibres et en vitamines, la restriction de sucres insulinosécréteurs.
Entreprendre une démarche de rééquilibrage alimentaire signifie faire des choix et renoncer à certaines préférences. « J’utilise ce drapeau nutritionnel avec mes patients pour construire avec eux leur assiette et déterminer jusqu’où ils sont prêts à déplier le drapeau sans frustration », confie Ève Villemur, médecin spécialiste de la nutrition comportementale individualisée.
Ensuite, au cours des consultations il faut respecter le temps de la perte de poids et celui du maintien en corrigeant les éventuels déficits micronutritionnels qui bloquent l’amaigrissement.
Le comportement alimentaire est aussi le résultat de pensées et d’émotions, leur intensité peut parfois induire des rapports compulsifs à l’alimentation. L’approche comportementale associée à l’approche nutritionnelle propose des solutions concrètes (entretiens motivationnels, thérapies cognitives).
« Chez le patient obèse ou en surpoids il faut gagner la bataille entre la motivation et les émotions négatives (culpabilité, honte, désespoir), constate le Dr Villemur. Pour lui, la nourriture peut être soit un pansement, une façon de se consoler et de compenser son mal-être en mangeant, soit une source de plaisir et de satisfaction, soit un refuge, une façon de faire face à ses difficultés. Vouloir modifier ses habitudes n’est pas chose facile, il faut lui proposer un réapprentissage de ses émotions et le faire déculpabiliser de manière à entretenir une bonne motivation. »
D’autres investigations cliniques sont maintenant nécessaires pour évaluer l’importance de la nutrition comportementale individualisée sur les paramètres métaboliques comme la glycémie ou l’insulinémie.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques