Les antiviraux à action directe (AAD) ont créé une révolution dans la prise en charge de l’hépatite C, avec une remarquable efficacité dans l’élimination du virus. En effet, ces médicaments permettent d’éliminer chez presque tous les patients traités (95 % en général), le virus en 8 à 12 semaines de traitement.
Lors de leur arrivée sur le marché, en décembre 2014, la France est restée très timide en autorisant ces molécules - très onéreuses de surcroît - dans un cadre très strict : la prescription, uniquement hospitalière, était limitée aux stades sévères (fibrose de stade 2), ou chez les patients ayant des comorbidités, et exclusivement réalisée par des services experts. Puis, progressivement, leur recours a été étendu pour concerner, en 2017, l’ensemble des patients infectés de manière chronique par ce virus.
Ensuite, à partir de mars 2018, la délivrance des AAD a été possible en officine de ville, avec un remboursement à 100 %. Enfin, depuis mai 2019, la prescription de Maviret et Epclusa, les deux antiviraux d’action directe pangénotypiques (c’est-à-dire qui ciblent tous les sous types de virus de l’hépatite C), a été étendue aux médecins généralistes. Une primoprescription destinée aux cas simples d’hépatite C. Pour les autres AAD (Harvoni, Sovaldi, Vosevi, Zepatier), la prescription reste pour l'instant hospitalière, réservée aux spécialistes en gastro-entérologie et hépatologie, en médecine interne ou en infectiologie.
Des progrès
Toutes ces évolutions de la prise en charge, associées à une amélioration du dépistage de l’hépatite C, ont porté leurs fruits. « Aujourd’hui, nous observons une tendance plutôt favorable. Déjà, on constate une réduction de la prévalence de l’hépatite C », a déclaré le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, lors de la Journée nationale de lutte contre les hépatites virales, le 25 septembre dernier. On estime, au 1er janvier 2019, que 100 600 personnes seraient séropositives au VHC, alors qu’elles étaient 232 196 en 2014 (sans prendre en compte les flux migratoires). « Ensuite, l’accès au dépistage s’est amélioré, avec plus de 20 000 TROD VHC réalisés en 2018, a poursuivi Jérôme Salomon. Enfin, nous avons atteint plus de la moitié de l’objectif que nous nous sommes fixé de 120 000 personnes traitées et guéries à l’horizon 2022. »
En effet, entre 2014 et 2018, plus de 73 000 patients ont commencé un traitement par AAD. Sur le mois de décembre 2018, près de 90 % d'entre eux ont pris Maviret et Epclusa (les deux AAD pangénotypiques), et pour près de 3/4 de ces patients, la délivrance a été réalisée en officine. Une exception toutefois en Ile-de-France, où seulement 30 % des patients qui ont débuté un traitement AAD ont eu une délivrance en officine. Pour le Dr Caroline Dessauce (CNAM, Montreuil), trois hypothèses pourraient expliquer cette différence. « Le fait qu’il y ait, en Ile-de-France, davantage de patients avec des comorbidités et/ou nécessitant un retraitement ; davantage de prescriptions issues d’établissements de santé avec délivrance en PUI après la consultation ; ou davantage de PUI que dans les autres régions. »
Autre phénomène intéressant : la prescription reste pour l'instant très centrée sur l'hôpital. En 2018, 84 % des prescriptions d’AAD ont été réalisées par un médecin hospitalier, 13 % par un gastro-entérologue (de ville ou d’établissement de santé privé) et 2 % par un médecin généraliste.
Néanmoins, il reste des marges de progrès, notamment vis-à-vis des populations les plus exposées, et cela aussi bien pour le VHC que pour le VHB. « Chez ces populations, notamment chez les usagers de drogue injectable, renforcer le dépistage et le traitement précoce par antiviraux à action directe a un fort potentiel de bloquer la transmission du VHC et son incidence dans la population où elle demeure actuellement plus élevée, en complément des actions de réduction des risques et des dommages », évoque le Pr Jérôme Salomon.
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