L'allergologue se trouve parfois confronté à des patients présentant une symptomatologie digestive non élucidée. Le syndrome d'entérocolite induite par les protéines alimentaires (SEIPA) est une pathologie identifiée depuis seulement une dizaine d'années. Cette allergie non IgE-médiée touche en majorité les nourrissons, les cas détectés chez l’adulte restant exceptionnels.
Comme toutes les formes d’allergies alimentaires, le SEIPA s’explique par une anomalie de la réponse du système immunitaire. Chez les nourrissons, elle se traduit par une incapacité à digérer les protéines de lait de vache, de soja ou de riz. Les symptômes typiques sont des vomissements profus et incoercibles survenant entre une à quatre heures après ingestion de l'aliment responsable. Ils peuvent entraîner chez le jeune enfant un choc hypovolémique grave par déshydratation aiguë. Le point particulier est que cette allergie atteint le seul tractus gastro-intestinal. Elle ne concerne pas la peau ou les voies respiratoires et ne se traduit pas par un choc anaphylactique. Le diagnostic est difficile et retardé devant des symptômes non spécifiques. Il n'y a pas de marqueur biologique fiable et spécifique de cette maladie. Le test de provocation oral (TPO) est le seul examen qui permet de confirmer le diagnostic. Le traitement consiste en un régime d’exclusion.
Les adultes peuvent être également concernés, mais les vomissements répétés les amènent souvent à éviter spontanément l'aliment suspect. D'autres aliments, pourtant réputés peu allergisants, sont incriminés comme le riz, les céréales (avoine, orge, blé), le poisson, les volailles (poulet, dinde), les légumineuses (lentilles, haricots verts, arachides), l'œuf. Une forme classique chez l'adulte est le SEIPA aux huîtres dont la consommation peut s'accompagner de vomissements et de diarrhées. L'épisode est souvent qualifié dans un premier temps d'intoxication alimentaire, mais sa répétition fait conclure à une intolérance et conduit à une éviction définitive des huîtres. Les moules et autres coquillages sont très souvent tolérés.
Allergie aux viandes de mammifères
L'allergie à l'alpha gal est la première anaphylaxie alimentaire qui est due à un glucide et non pas à une protéine. Les patients présentent des douleurs abdominales d'abord inexpliquées, nocturnes le plus souvent. Il s'agit d'allergies semi-tardives aux viandes de mammifères, toutes liées à la sensibilisation à l'alphagalactose. Le galactose-alpha-1,3-galactose (alpha gal) est un glucide qui entre dans la composition des glycoprotéines et des glycolipides de la viande de mammifères (notamment bœuf, porc, agneau) Cette anaphylaxie induite par la viande n'avait pas été diagnostiquée auparavant parce que, classiquement, la réaction survient au plus deux heures après le contact avec l'allergène. Incriminer un aliment ingéré six heures avant la réaction n'était pas envisagé. Les anticorps spécifiques de l'alpha-gal sont capables de provoquer des réactions sérieuses, voire fatales. L'allergie se manifeste aussi par des épisodes d'urticaire et/ou angio-œdème, voire de l'anaphylaxie dont les symptômes peuvent être immédiats (rognons de porc) ou différés (viandes). Les sujets avec des taux élevés d'IgE spécifiques anti-alpha gal peuvent aussi réagir au lait de vache, et les symptômes sont attribués à tort à une intolérance au lactose. Par contre, les patients tolèrent les viandes aviaires (poulet, dinde, canard, pintade) car elles ne portent pas de résidus d'alpha gal. Une sensibilisation peut aussi être induite par des morsures de tiques du genre ixodes ricinus.
D'après des travaux lors du 12e Congrès francophone d'allergie.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques