Ce ne sera pas la première fois qu’en nutrition les certitudes sont ébranlées. Une étude allemande chez plus de 3 000 participants coronariens suivis pendant 10 ans, la cohorte LURIC, est en apparente contradiction avec les recommandations de l’OMS. L’équipe dirigée par Marcus Kleber suggère que les acides gras trans (AGT) ne sont pas si mauvais pour la santé.
La contradiction n’est pas absolue car c’est à dose bien plus modérée qu’outre-atlantique que la consommation totale s’est révélée ne pas augmenter le risque cardiovasculaire. De plus, et cela n’avait jamais été montré, les AGT d’origine naturelle semblent être bénéfiques en diminuant la mortalité cardiaque. L’argument fort des Allemands repose sur le recours à la technologie Oméga-3 qui mesure la composition en AGT de la membrane des globules rouges, ce qui donne une estimation plus objective des apports alimentaires que les questionnaires traditionnels.
Alors que les AGT, ces acides gras insaturés en configuration trans, sont en majorité d’origine industrielle, via les huiles partiellement hydrogénées, surtout utilisées pour les gâteaux et la pâtisserie, il en existe naturellement à l’état de traces dans les produits laitiers et la viande. Il se pourrait que leur origine, naturelle ou industrielle, puisse influer sur les effets sur la santé. Maladies cardio-vasculaires, accident vasculaire cérébral (AVC), diabète, infertilité, maladie d’Alzheimer ou certains cancers, toutes ces maladies des pays occidentaux ont été associées à une forte consommation d’AGT. Et pour les maladies coronariennes, plusieurs études ont confirmé le lien, signant les risques de la « malbouffe à l’occidentale ».
Un apport sain à environ 1 %
Tout le monde a tiré à boulets rouges sur les AGT. L’OMS a tiré la sonnette d’alarme en recommandant des apports alimentaires d’AGT ‹ 4 % et des pays comme le Danemark sont même allés jusqu’à fixer des seuils légaux. La société de nutrition allemande a même visé un apport journalier d’AGT ‹ 1 % des apports énergétiques. Alors que les États-Unis sont parmi les plus gros consommateurs, la FDA a estimé en juin 2015 que les huiles partiellement hydrogénées ne peuvent plus être reconnues comme « généralement saines ».
Comme le Dr Kleber l’analyse : « Nous étions surpris aussi de voir que les concentrations d’AGT industriels n’étaient pas associées à une mortalité augmentée, ce qui est en contraste avec les observations des États-Unis. La raison à cela pourrait être que dans notre groupe de patients allemands, les AGT étaient en général bien plus bas que ceux trouvés aux États-Unis, de telle sorte que presque personne dans l’étude n’avait atteint les niveaux habituels aux États-Unis ». La proportion d’AGT dans le sang était en moyenne juste en dessous de 1 %, quand à la même période elle était de 2,6 % aux États-Unis. Le chercheur insiste aussi sur la nécessité désormais d’avoir une nouvelle approche des AGT, parce que « les AGT naturels doivent être différenciés des AGT industriels ».
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