« Je suis ravie de ces résultats. L’enzalutamide a réduit la propagation du cancer, et amélioré egalement de nombreux autres effets liés à la maladie », précise dans un communiqué le Dr Maha Hussain, oncologue a l’Université Northwestern à Chicago (États-Unis) et signataire principale de l’étude publiée dans le « New England Journal of Medicine ». L’essai a été conduit en partenariat avec les co-développeurs de l’enzalutamide (Pfizer et Astella Pharma).
Le cancer de la prostate résistant a la castration et non métastatique (CPRCnm) est caractérisé par une augmentation du taux sérique du PSA (antigène prostatique spécifique) malgré le traitement de privation androgénique (castration médicale) et par l’absence de métastase détectable sur la scintigraphie osseuse et la tomodensitométrie ou l’IRM. Malgré la thérapie de suppression androgénique qui vise à réduire la production de testostérone permettant aux cellules prostatiques de se développer et se multiplier, le cancer finit par s’adapter a la pénurie de testosterone et reprend son développement. Un doublement des PSA en moins de 10 mois signale une activité du cancer et un risque élevé de developper des métastases. Toutefois, il n’existait jusqu’à récemment aucun traitement approuvé pour repousser l’apparition des métastases chez ces patients.
Essai PROSPER
En février dernier, l’apalutamide, un anti-androgène de nouvelle génération, a été approuvé aux États-Unis par la FDA (Food and Drug Administration) pour ces patients avec CPRCnm. L’autorisation repose sur l’essai clinique SPARTAN de phase 3 qui a montré que l’apalutamide améliore de plus de 2 ans la survie sans métastase en comparaison avec le placebo. La demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM) en Europe est en cours d’évaluation pour cette indication.
Hussain et coll. publient maintenant les résultats de l’essai PROSPER international qui évalue l’enzalutamide (Xtandi), un antagoniste des récepteurs aux androgènes de deuxième génération qui est déjà approuvé pour le CPRC métastatique. Cet essai (phase 3), de conception similaire a l’essai SPARTAN, est randomisé en double insu et porte sur 1401 patients atteints de CPRCnm, avec un doublement des PSA en moins de 10 mois. Deux patients sur 3 ont ont reçu l’enzalutamide, un patient sur 3 a reçu le placebo. À la fin de l’essai, les patients sous placebo ont reçu l’enzalutamide. Tous les patients recevaient par ailleurs une thérapie de privation androgénique.
Les résultats montrent que l’enzalutamide a retardé de 22 mois la survenue des métastases, avec une réduction de 71 % du risque de métastase ou de décès et une survie médiane sans métastase de 36 mois en comparaison de 14 mois avec le placebo. « Ceci a été obtenu sans effet négatif important sur la qualite de vie. L’enzalutamide a entraîné aussi une baisse plus rapide des PSA et retardé le besoin d’autres traitements anticancéreux », précise au « Quotidien » le Dr Hussain. Comme l’apalutamide, l’enzalutamide a été associé à des effets indésirables : fatigue, chutes et fractures, et un petit risque (< 1 %) de convulsions.
Évaluer la combinaison
« Un suivi plus long est nécessaire pour savoir si la survie est améliorée, mais la tendance préliminaire est positive », estime la cancérologue. Son prochain objectif, évaluer la combinaison de traitements afin de maximiser l’effet anticancéreux.
« L’autorisation par la FDA de l’apalutamide pour le cancer de la prostate non métastatique et l’autorisation anticipée de l’enzalutamide dans le même contexte représentent des progrès importants pour les hommes montrant une hausse du PSA durant la thérapie de privation androgénique, souligne le Dr Matthew Smith (Massachusetts General Hospital Cancer Center, Boston) dans un éditorial du « NEJM ». L’évaluation du rapport bénéfice/risque suggère qu’il vaut mieux traiter avec l’un ou l’autre médicament que d’attendre l’apparition des métastases. »
« The New England Journal of Medicine », 28 juin 2018, Maha Hussain et coll.
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