SELON LE Pr SERGE UZAN, directeur de l’institut universitaire de cancérologie et doyen de la Faculté de Médecine Pierre et Marie Curie, coorganisatrice avec le groupe de cliniques privées Vedici du « Colloque international sur les cellules souches » qui s’est déroulé à Paris le 4 octobre dernier, ces dernières « sont un enjeu majeur pour toutes les disciplines de la médecine, de la physiologie à la thérapeutique ».
Grâce à la richesse de leur potentiel, les cellules souches portent ainsi l’espoir d’une meilleure compréhension de nombreux mécanismes physiologiques, tout comme elles augurent du développement de nouveaux médicaments efficaces et de la thérapie cellulaire. « D’utilisation quotidienne depuis des années, les cellules souches seront très prochainement indiquées dans le traitement de pathologies sévères et vont révolutionner de multiples spécialités comme la cardiologie, la neurologie, l’ophtalmologie,
la cancérologie... », prédit le Pr ?Uzan.
Nouveau cadre légal.
En France, le vote par l’Assemblée nationale en juillet dernier de la loi autorisant la recherche sur les cellules souches embryonnaires devrait faciliter le travail des équipes de chercheurs hexagonaux. Ce changement de régime – passer d’une interdiction avec dérogations à une autorisation encadrée – prévoit en effet l’utilisation de cellules souches issues des embryons surnuméraires de la procréation médicalement assistée.
Pour le Pr Luc Douay de l’Etablissement français du sang, ce texte ouvre sans conteste une voie importante à la recherche : « Il faut rappeler que sans la découverte et l’étude des cellules souches embryonnaires pluripotentes, il n’y aurait jamais eu de cellules souches IPS ». Ces cellules souches pluripotentes induites (IPS), mises en point en 2006-2007 par le Japonais Shinya Yamanaka, Prix Nobel en 2012, sont issues de la reprogrammation en laboratoire de cellules adultes.
Perspectives.
Aujourd’hui, les principales recherches effectuées sur les cellules souches s’axent principalement sur la thérapie cellulaire et la modélisation cellulaire. Dans le premier cas, si des greffes de moelle osseuse dans le traitement des maladies sanguines ou des greffes autologues de peau reconstituée sont déjà pratiquées depuis de nombreuses années, d’autres voies de recherche sont en cours d’étude : greffe de cellules souches musculaires dans le cas d’un cœur abîmé par un infarctus, greffe de rétine lors de DMLA, greffe de cellules pancréatiques chez des personnes diabétiques...
Autant de perspectives qui font dire au Pr L. Douay que « l’objectif pourrait ne plus être la guérison, mais la régénération, ce qui en soi ne suppose aucune limite ». Pour autant, il tempère son propos en précisant que « la médecine régénérative devra surtout nous permettre de vivre mieux et non plus vieux ». De son côté, la modélisation cellulaire a pour objectif de reproduire des événements biologiques en culture afin d’élucider les mécanismes physiopathologiques. Une équipe a ainsi récemment obtenu des cellules modèles de la maladie de Charcot à partir de cellule de peau de patients malades. Les cultures des motoneurones impliqués dans cette maladie vont, entre autres, permettre d’optimiser le criblage de médicaments.
Enjeux techniques et organisationnels.
Cependant, et quelles que soient les voies de recherche empruntées, plusieurs questions restent encore à élucider : comment exclure tout mécanisme cancérogène lié à la survenue de cellules souches cancéreuses (CSC), notamment avec les cellules souches IPS dont le génome est instable ? Comment s’assurer de la continuité de leur renouvellement ? Comment cibler les CSC sans toucher les cellules souches normales ? Comment produire qualitativement et quantitativement des cellules souches in vivo et comment diriger leur migration ?
Des défis qui, d’après les conclusions émises lors de ce colloque, ne pourront être relevés que par une organisation spécifique de la recherche préclinique, l’accessibilité des produits de thérapies cellulaires et une plus grande implication des grandes firmes pharmaceutiques, dont l’enthousiasme qu’elles développent à l’égard de ce domaine est encore pudiquement qualifié par les chercheurs de « trop limité ».
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