Le sujet n’est pas vraiment nouveau, me direz-vous, mais la menace se précise. Des chercheurs du laboratoire Information génomique et structurale (CNRS/Aix-Marseille) viennent en effet de « ressusciter » un virus âgé de quelque 30 000 ans. Prélevé et isolé à partir du même échantillon de permafrost sibérien que celui où avait été retrouvé pithovirus, l’an dernier (voir notre édition du 6 mars 2014), ce Mollivirus fait lui aussi partie de cette vaste famille dite des virus géants (Megaviridæ). Géant, car le grand nombre de gènes qui le caractérise, codant pour plus de 500 protéines, confère au microbe exhumé des glaces la taille respectable de 0,6 millionième de mètre. Mais si Mollivirus fait aujourd’hui parler de lui, ce n’est pas tant à cause de ses dimensions hors du commun, mais plutôt pour le risque potentiel que contient l’annonce de sa découverte. On le sait, la survivance de ces virus potentiellement dangereux, combinée aux effets du réchauffement climatique font planer une menace qu’il ne faut pas mésestimer. Le risque étant, par exemple de voir resurgir des maladies que l’on pensait éradiquées, telle la variole. Pour ce que l’on sait de Mollivirus sibericum, le virus n’infecte pas l’homme, mais l’amibe. De plus, notent ses découvreurs, le Mollivirus a besoin du noyau cellulaire de l’amibe pour se reproduire et manque de plusieurs enzymes nécessaires à sa réplication. Ce qui fait dire à Jean-Michel Claverie, directeur du laboratoire Information génomique et structurale de Marseille : « c’est sans doute le plus défectif de tous les virus géants ». En même temps, ses caractéristiques le rapprochent d’autres types de virus courants parmi les pathogènes humains tels les Adénovirus, las Papillomavirus ou les Herpesvirus. La vigilance reste de mise. Au moins pour deux raisons. D’abord parce que, pour la première fois, un virus - aujourd’hui disparu de la surface de la Terre - a réellement été ressuscité après plusieurs milliers d’années de sommeil. Mais aussi parce que les comportements humains changent. Jusqu’à présent, ces virus préhistoriques n’étaient retrouvés que grâce à la curiosité de quelques chercheurs. Désormais, les hommes remuent les profondeurs terrestres des régions arctiques pour des raisons plus prosaïques : recherche de minerais précieux ou de combustibles fossiles… Espérons qu’un coup de pioche malheureux n’ira pas un jour réveiller le virus tueur.
Virus géants
Le syndrome d’Hibernatus
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Publié le 14/09/2015
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Didier Doukhan
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Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3199
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