« Au-delà des symptômes les plus apparents de la schizophrénie, tels que la perte de contact avec la réalité, les hallucinations auditives, la paranoïa ou les délires, l’altération des fonctions cognitives est l’un des principaux handicaps associés à cette pathologie. Et nos travaux établissent un lien entre ce déficit cognitif et des phénomènes d’inflammation », explique le Dr Guillaume Fond, psychiatre au GHU Henri Mondor (INSERM U955), coordinateur du réseau des 10 centres experts FondaMental schizophrénie et auteur d’une étude publiée dans la revue britannique « Schizophrenia Bulletin »*.
Celle-ci a été menée entre 2011 et 2015 sur le réseau des 10 centres experts FondaMental schizophrénie, auprès de 369 patients souffrant de schizophrénie et soumis à une évaluation complète de leur santé mentale et physique. Résultats : les sujets qui présentaient un niveau de CRP (C-réactive protéine) élevé (≥ 3 mg/l), témoin d’une inflammation chronique, affichaient des scores de fonctionnement intellectuel général (quotient intellectuel) plus bas que les autres. En analysant plus finement les fonctions cognitives, les sujets présentaient des altérations globales de leurs capacités de mémoire, de concentration, d’apprentissage et de raisonnement. « Il s’agit de la première étude du genre, basée sur des tests de cognition spécifiquement adaptés aux patients atteints de schizophrénie », précise Ewa Bulzacka, neuropsychologue et co-auteur de l’article. Ces résultats confirment en outre ce que pointaient de précédentes recherches : près d’un tiers (28 %) de ces patients schizophrènes présentait une inflammation chronique. Ils ouvrent aussi la voie à une nouvelle façon de prendre en charge le déficit cognitif dans la schizophrénie, basée sur la mise en place de stratégies anti-inflammatoires préventives et curatives.
Vers de nouvelles stratégies de prévention
« Il n’existe pas une mais diverses formes cliniques de schizophrénie. Les antipsychotiques éliminent le délire et la plupart des symptômes mais pas le déficit cognitif, regrette le psychiatre. Nos recherches actuelles visent à trouver de nouveaux traitements plus complets, "sur mesure" et à proposer des psychothérapies adaptées pour "renforcer" les compétences déficientes ». En tout état de cause, ces travaux peuvent conduire à élaborer de nouvelles recommandations dans la prise en charge des patients schizophrènes. À savoir, par exemple, la demande systématique d’un bilan CRP et, en cas d’inflammation, la réalisation d’un bilan neuropsychologique pour déterminer la présence de troubles cognitifs. L’idée serait alors de proposer aux patients concernés, en complément du traitement antipsychotique, une « remédiation cognitive » : une psychothérapie axée sur le renforcement des mécanismes de mémorisation, de concentration et de planification. « Les résultats montrent l’efficacité de cette méthode dans la réduction du déficit cognitif chez les patients schizophrènes sur des délais d’un an. Mais il reste à en évaluer le bénéfice à long terme », souligne le Dr Fond. Le suivi de la cohorte du réseau des centres experts FondaMental schizophrénie est ainsi envisagé sur cinq ans (entre 2015 et 2020). Dans le même temps, les travaux se poursuivent pour mettre au jour les sources d’inflammation à l’origine de ces déficits cognitifs. Certaines études pointent notamment le surpoids et le tabagisme…
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques