On avait déjà établi un lien entre le régime dit méditerranéen et divers avantages, entre autres, une réduction de l’incidence des maladies de Parkinson et d’Alzheimer. Aujourd’hui, des chercheurs de l’University College de Londres et de l’INSERM montrent, pour la première fois, que ce type d’alimentation est associé à une diminution du risque de dépression, tandis qu’à l’inverse un régime basé sur la consommation d’aliments industriels semble davantage exposer au risque de symptômes dépressifs.
Dans une étude conduite chez 3 486 personnes d’un âge moyen de 55,6 ans recrutées au sein de la cohorte Whitehall II (constituée d’une population de fonctionnaires travaillant à Londres), les chercheurs ont évalué de manière prospective (avec un suivi sur 5 ans) le risque dépressif à l’aide d’un questionnaire d’autoévaluation (The Center for Epidemiological Studies-Depression Scale, CES-D) en distinguant, chez les participants, deux grands types d’alimentation : un régime « whole food » (basé largement sur la consommation de légumes, de fruits et de poisson) et un régime « processed food » (constitué, essentiellement, d’aliments frits, de plats préparés à base de viande ou de céréales, de desserts sucrés et chocolat et de produits laitiers à forte teneur en matières grasses).
Après ajustement pour l’âge, le sexe et les apports caloriques.
Un score› 15 au questionnaire CES-D, définissant l’existence de symptômes dépressifs, a été retrouvé chez 416 des sujets ayant participé à l’étude londonienne. Les chercheurs ont observé que les personnes consommant le plus d’aliments de type « whole food » avaient un risque réduit de dépression par rapport à celles en consommant de manière moins marquée : OR (odds ratio) de 0,64 après ajustement pour l’âge, le sexe et les apports caloriques et de 0,74 après ajustement pour l’ensemble des variables considérées (critères socio-économiques, état de santé général, modes de vie).
À l’inverse, la comparaison des sujets dont le régime est fortement basé sur la consommation d’aliments de type industriel, par rapport à ceux consommant ce type d’aliments de manière plus « soft », met en évidence un facteur de risque de symptômes dépressifs de 1,58 (IC 95 % : 1,11-2,23).
On peut faire certaines objections à cette étude. D’abord, sa cohorte, des sujets caucasiens, fonctionnaires, londoniens et en majorité des hommes (73,8 %), n’est que partiellement représentative de la population britannique. Ensuite, le questionnaire établissant le type de régime adopté était semi-quantitatif, donc moins précis qu’une enquête alimentaire complète. En revanche, l’existence d’une relation causale inverse (la dépression responsable du régime alimentaire adopté) semble pouvoir être exclue par les analyses de sensibilité. Par ailleurs, l’association mise en évidence par les auteurs reste significative, en écartant de l’analyse les sujets de la cohorte Whitehall II qui avaient présenté un épisode dépressif antérieurement (en 1997-1999).
L’effet protecteur d’une alimentation saine contre la dépression peut s’expliquer par divers facteurs : outre que les fruits et légumes ont un contenu élevé en antioxydants, une vaste étude finlandaise (Tolmunen et coll., 2004) a montré une relation entre une alimentation pauvre en folates (contenus dans les légumes crucifères) et un risque accru de dépression. Une réduction du risque de dépression a également été associée à la consommation de poisson (Hibbeln, 1998).
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques