DEUX ANS après leur disparition, les vignettes orange pourraient bientôt faire leur retour. En effet, dans le cadre de la préparation du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2010, le gouvernement envisagerait de rétablir le taux de remboursement à 15 % pour certains médicaments de prescription médicale facultative, tel l’aspirine ou le paracétamol.
Les syndicats d’officinaux tombent des nues. Car cette piste n’avait jusqu’à présent jamais été évoquée. « C’est une désagréable surprise, mais aussi une inquiétude, car la situation actuelle de l’économie des officines ne permet pas de supporter de telles mesures », explique Philippe Gaertner. En fait, le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) craint que, comme pour les veinotoniques, la réduction du taux de remboursement à 15 % ne soit qu’une étape avant le déremboursement total des produits, avec les conséquences que l’on sait sur les trésoreries (voir encadré).
Contre proposition.
« S’il y a des médicaments dont l’efficacité médicale n’est pas prouvée, la question du taux de remboursement se trouve posée », a de son côté justifié le ministre du Budget, Éric Woerth. « Attention à ne pas commettre de faute de communication, s’emporte Gilles Bonnefond, président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Je ne peux pas accepter qu’un médicament de prescription médicale facultative soit assimilé à un médicament inefficace ».
Gilles Bonnefond préférerait que les pouvoirs publics retiennent sa proposition de faire prendre en charge par les complémentaires les spécialités conseillées par les pharmaciens lorsque la plainte exprimée au comptoir ne nécessite pas de diagnostic. « Quand on a besoin de paracétamol, on n’a pas toujours besoin d’aller voir son médecin, explique-t-il. Il s’agit d’une simplification du parcours de soins qui peut en outre dégager des économies ».
Un acharnement sur le médicament.
Les syndicats se doutaient que, compte tenu du déficit de l’assurance-maladie prévu pour 2009 (-9,4 milliards d’euros), le PLFSS pour 2010 serait « dur ». Mais ils pensaient avoir eu l’assurance qu’il n’y aurait pas de mesures ayant un impact direct sur l’économie des officines, si ce n’est de nouvelles baisses de prix. « Une fois de plus, le poste médicament risque de faire l’objet de mesures d’économies importantes », regrette Philippe Gaertner. « L’officine n’est pas capable actuellement de les supporter », insiste le président de la FSPF. « Il y a un acharnement sur le médicament qui n’est pas acceptable, renchérit Gilles Bonnefond. Les efforts doivent être équilibrés entre les différents secteurs ».
Quoi qu’il en soit, rien ne semble encore arbitré et les mesures du PLFSS pour 2010 ne seront présentées qu’à la fin du mois. En attendant, les syndicats continuent de s’opposer également aux propositions du directeur général de la Caisse nationale d’assurance-maladie, Frédéric van Roekeghem, d’instaurer des TFR au sein d’une classe thérapeutique (celle des inhibiteurs de la pompe à proton pour commencer) et de mettre en place un système d’appels d’offres entre laboratoires pour faire baisser le prix des génériques. Cette dernière proposition serait d’ailleurs d’ores et déjà écartée.
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Françoise Amouroux
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