Coucher sur le papier son souvenir traumatisant. Prendre un comprimé de propranolol une heure avant de relire. Répéter l’opération une fois par semaine durant 6 semaines. Tel est le surprenant protocole que propose l’essai « Paris Mem » à 112 victimes de stress post-traumatique, notamment lors des attentats de Paris en novembre 2015 ou de Nice en juillet 2016.
Ces personnes souffrent d’insomnies, de cauchemars, de crises d’anxiété… Et le fait de raconter leur histoire sous l’emprise de propranolol leur permet, dans deux cas sur trois, d’effacer le souvenir douloureux, pour le remplacer par un banal mauvais souvenir. Cet essai, surprenant par sa simplicité et son efficacité, a fait l’objet d’un reportage diffusé dans « Envoyé spécial » sur France 2, le 14 septembre.
Bloquer la dimension émotionnelle
Mais comment fonctionne le propranolol, antihypertenseur connu depuis 60 ans, également utilisé parfois pour gérer le stress avant une présentation orale ? « Le propranolol est un bêta bloquant qui traverse la barrière hématoencéphalique et qui bloque la reconsolidation d’un souvenir », avance le Pr Millet, psychiatre à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), qui coordonne le projet avec le Pr Brunet, spécialiste du traumatisme à l’université McGill de Montréal.
« La reconsolidation d’un souvenir s’effectue lorsque l’on ravive ce souvenir. Ce dernier doit alors être réenregistré (reconsolidé), comme un fichier informatique qui a subi des modifications. Or le propranolol interfère avec le réenregistrement en bloquant la dimension émotionnelle du souvenir. Ainsi, quand les personnes se remémorent le souvenir sous influence de ce médicament et avec la présence d’un médecin, ils continuent de se souvenir de l’événement et petit à petit, au cours de 6 semaines, la dimension émotionnelle de l’événement est atténuée. Jusqu’à ce que le souvenir, au départ traumatique, devienne seulement un mauvais, voire très mauvais souvenir », explique le Pr Millet. Autrement dit, on n’efface pas le souvenir, mais on en atténue la force émotionnelle.
Cette thérapie quelque peu extraordinaire et proposée à ce jour à 112 patients souffrant de stress post-traumatique, et les inclusions dans l’essai sont possibles jusqu’en juillet 2018. Les participants à l'essai sont des personnes en état de stress post-traumatique de différente origine : après les attentats de Paris ou Nice, après avoir subi des violences (viol, inceste, etc.), ou après une rupture sentimentale qui dure et résiste à tout traitement (antidépresseurs, psychothérapie). A ce jour, 39 personnes en état de stress pot traumatique a la suite d’une rupture sont incluses dans l’essai.
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