L’officine est aujourd’hui identifiée comme une étape incontournable dans le parcours de soins des patients traités en chimiothérapie per os. L'expertise du pharmacien, acteur majeur dans l’adhésion au traitement, n'est pas étrangère à cette reconnaissance. « Le titulaire et son équipe ont désormais à gérer une vaste panoplie d’anticancéreux par voie orale, pas moins de 58 molécules étant disponibles en pharmacie (1) pour la plupart des thérapies ciblées », récapitule Muriel Dahan, directrice des recommandations et du médicament DRM auprès de l’Institut national du cancer (INCa).
Revenant sur l’accélération de la chimiothérapie orale au cours des dernières années, déclenchée notamment par l’arrivée du Glivec, Muriel Dahan expose les enjeux d’une prise en charge conditionnée par une bonne connaissance des molécules, préalable à une information pertinente sur les effets indésirables. Or, souligne la directrice de l’INCa, cet accompagnement du patient n’est pas seulement indispensable au bon pronostic de la maladie. Il est également un facteur de maîtrise des coûts. « L’interruption du traitement au quatrième comprimé d’une boîte à 6 000 ou 8 000 euros représente le gaspillage de cette somme », insiste Muriel Dahan, précisant qu’au-dessous d’un seuil de 80 % d’observance, les chimiothérapies orales perdent de leur efficacité.
Resserrer les liens avec les PUI
Pour favoriser le soutien des patients, Muriel Dahan suggère, du reste, que les pharmaciens d’officine collaborent avec les médecins généralistes et les infirmiers libéraux et renforcent les liens ville-hôpital, notamment avec les pharmaciens de PUI. « Il est important que le titulaire identifie les PUI de proximité avec lesquelles il est possible d’instaurer des liens fluides, notamment lors de la sortie de l’hôpital », précise-t-elle.
Dans le même esprit, Muriel Dahan insiste la nécessité de resserrer la coopération entre pharmacie d’officine et PUI en faveur de la pharmacie clinique : « De nouveaux champs vastes, riches et passionnants s’ouvrent au service du patient, notamment dans la conciliation médicamenteuse. Il est essentiel que ces mutations trouvent des relais à l’officine. » Muriel Dahan regrette par ailleurs que les données collectées en vie réelle sur la dispensation par les pharmaciens d’officine ne soient pas suffisamment valorisées. Un champ d’amélioration de l’adhésion au traitement qui mériterait, selon elle, d’être exploré, notamment sous l’angle de l’indice MPR (Medication possession ratio), c’est-à-dire le nombre de comprimés prescrits pour une période précise et le nombre de comprimés réellement pris entre les deux prescriptions.
Conscient de l’ensemble de ces enjeux, l’INCa promet de ne pas laisser le pharmacien d’officine seul face à la complexité des traitements. Un certain nombre d’outils ont été publiés : recos sur les effets indésirables par classes thérapeutiques, documents en ligne, liflets imprimables à l’intention des patients… « Nous travaillons actuellement sur des messages d’alertes et d’informations qui seront intégrés aux logiciels métier », annonce Muriel Dahan, indiquant que les moteurs de recherche comprendront bientôt des informations par indications AMM/hors AMM (2). Des débuts prometteurs pour l’accompagnement des experts officinaux et de leurs patients.
(1) Ainsi que 18 rétrocessions.
(2) Rubrique dédiée aux anticancéreux sur e-cancer.fr
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